POEME : EN PRISON

  • Imprimer

Seigneur, quand on est en prison, on n'est rien
Quand on n'est rien, on a envie de te parler,
Mais quand on n'est rien on ne pense à rien.
Alors on ne dit rien !
Pardonne-moi, Seigneur,
Si je n'ai rien, si c'est le vide,
le désert tout au fond de moi.
Mais ce rien,
Je te l'offre tout de même,
Parce que c'est le mien.
  Et puis il pèse si lourd mon rien
C'est dur à porter seul un rien.
Un rien qui me fait mal au cou,
Un rien qui me brûle les yeux,
Un rien qui me donne des sueurs froides,
Un rien qui me donne mal au ventre,
Un rien qui me scie les jambes
Un rien qui ne me rend pas du tout courageux,
Un rien qui me rend la bouche pâteuse.
  Ce rien, Seigneur, qui m'assomme,
prends-le pour me décharger,
il est si lourd ce rien !
  Entre fer et béton
Je suis seul à tourner en rond
Habillé de vieux chiffons
Je me sens sale comme un cochon
Entre fer et béton
Dans ma tête ça ne tourne plus rond.
Ici je n'ai plus d'opinion.
Après mures réflexions,
J'ai l'impression d'être un con
Ou le roi des bouffons.
Entre fer et béton
Nous sommes là pour payer l'addition
Pour nous c'est l'abandon
Ici nous nous noyons.