20/10/2019 prédication Pierre Marque

CULTE DU DIMANCHE 20 Octobre 2019

 prédication de Pierre Marque

 

Hébreux 11/ 1-13

La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. C’est elle qui valut aux anciens un bon témoignage. Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu. Il s’ensuit que le monde visible ne prend pas son origine en des apparences. Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il reçut le témoignage qu’il était juste, et Dieu rendit témoignage à ses dons. Grâce à elle, bien que mort, il parle encore. Par la foi, Hénoch fut enlevé afin d’échapper à la mort et on ne le retrouva pas, parce que Dieu l’avait enlevé ; avant son enlèvement, en effet, il avait reçu le témoignage qu’il avait été agréable à Dieu. Or, sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu, car celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. Par la foi, Noé, divinement averti de ce que l’on ne voyait pas encore, prit l’oracle au sérieux, et construisit une arche pour sauver sa famille. Ainsi, il condamna le monde et devint héritier de la justice qui s’obtient par la foi. Par la foi, répondant à l’appel, Abraham obéit et partit pour un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Par la foi, il vint résider en étranger dans la Terre promise, habitant sous la tente avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse….. Dans la foi, ils moururent tous, sans avoir obtenu la réalisation des promesses, mais après les avoir vues et saluées de loin et après s’être reconnus pour étrangers et voyageurs sur la terre.

Luc 18 1-8

Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager. Il leur dit : « Il y avait dans une ville un juge qui n’avait ni crainte de Dieu ni respect des hommes. Et il y avait dans cette ville une veuve qui venait lui dire : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Il s’y refusa longtemps. Et puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu ni ne respecte les hommes, eh bien ! parce que cette veuve m’ennuie, je vais lui rendre justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me casser la tête.” » Le Seigneur ajouta : « Ecoutez bien ce que dit ce juge sans justice. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Et il les fait attendre ! Je vous le déclare : il leur fera justice bien vite. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

 

La Foi

Trouver la foi sur terre questionne Luc dans le texte du jour. Mais c’est aussi le sujet de l’épitre aux hébreux qui questionne pour comprendre ce qu’est la foi et qu’elle est sa signification. « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas »,

L’épitre aux Hébreux est une clé pour comprendre le texte de Luc et répond à l’interrogation sur la foi que le Christ trouvera à son retour.

Le nouveau testament parle régulièrement de foi et d’espérance sans autres précisions, mais la phrase de l’épitre est la seule définition formelle de la foi que nous pouvons trouver dans les évangiles. Il est important de la méditer pour réfléchir à la foi qui nous anime. Dans la vie quotidienne nous n’avons pas souvent l’occasion de nous interroger sur ce que nous croyons. Certes nous entendons bien à chaque culte une confession de foi, mais nous nous questionnons rarement sur notre propre foi.

En répondant que nous avons la foi, avons-nous conscience sur ce quoi elle repose ? Savons-nous que dire avoir la foi, c’est dire notre confiance dans la fidélité de Dieu à notre égard, mais c’est aussi exprimer notre propre fidélité à sa Parole.

Pour nous aider à comprendre ce qu’est la foi, reprenons de plus près la première phrase de l’EPITRE aux hébreux « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas ». Tout est dit ici, la Foi c’est posséder, c’est espérer mais c’est aussi connaître des réalités,

La foi vient de la traduction du grec pistis, c’est avoir confiance en autrui mais aussi être sûr de la fidélité d’une relation.

La foi est donc une notion qui se développe simultanément sur la confiance et sur la fidélité. C'est-à-dire que la foi est en même temps, une conviction et une valeur :

Une conviction : parce que la foi résulte de ce que l’on admet comme une vérité, sans l’exigence d’une preuve. C’est la confiance.

 

Une valeur : parce que la foi résulte de la solidité de la relation établie entre Dieu et l’homme. C’est sa fidélité.

Avoir la foi, c’est comprendre et accepter pour vrai, que les mondes ont été organisés par la Parole de Dieu. C’est ce que nous dit Calvin dans « l’institution chrétienne » lorsqu’il dit que « la foi est la connaissance non seulement de Dieu mais de sa volonté ». Alors nous pouvons exprimer que nous avons la foi, non seulement parce que nous avons une connaissance, même imparfaite de Dieu à travers l’Evangile, mais surtout parce que nous essayons de vivre la volonté que Dieu y exprime pour nous.

Lorsque nous manifestons cette envie de vivre de la Parole de Dieu, dans nos actes, nos prières et dans nos pensées, nous sommes fidèles à ce Dieu qui nous a accueilli le premier. Nous pouvons dire que la foi précède l’action et non l’inverse car c’est vivre de la Parole qui nous permet d’être ce que nous sommes, nous dit Calvin, il ne nous suffit pas de savoir qui est Dieu mais il faut que nous sachions ce qu’il veut que nous soyons : Otez la parole, il n’y a plus de foi.

Les témoignages, puisés dans l’histoire biblique, donnent un regard sur la foi par l’exemple comme étant le résultat de l’espérance dans la réalisation des promesses. En citant, ABEL, NOE, ABRAHAM, SARA, l’épitre souligne qu’ils moururent dans la foi après avoirs vues et saluées de loin les promesses.

Toutes ces histoires tirées de l’ancien testament révèlent jusqu’à quel point les hommes ont été et sont toujours différents. Jusqu’à quel point ils vivent des vies différentes. Aucun n’a eu une vie conforme à un modèle qui vaudrait pour tous. Chacun a suivi son chemin, chacun a répondu à son appel. Le seul point commun entre eux c’est qu’ils ont sincèrement vécu leur foi qui a été leur chemin de vie.

C’est cela avoir la foi, trouver et vivre son chemin en confiance. C’est rapprocher, comme Abraham et Noé, la distance qui existe entre croire et savoir, entre la phrase « je crois que Dieu existe » et la phrase « je sais que Dieu existe. »

Etre un voyageur sur la terre, c’est vivre de la promesse gratuite de la grâce sur terre et vivre du savoir intime d’une réalité que nous pensons être la vérité de la résurrection pour demain.

 

Etre voyageur sur la terre, c’est faire vivre pleinement notre conviction de l’existence de Dieu malgré la raison qu’impose notre société de justifier une preuve matérielle de son existence.

Notre foi s’alimente de chaque tentative que nous faisons de vivre la Parole. En ce sens notre foi ne résulte pas d’un modèle qui serait établit une fois pour toute car notre foi est évolutive. Notre foi s’appuie sur l’expérience unique, intime, personnelle, celle que nous faisons de la rencontre avec Dieu en y engageant notre liberté de conscience. Notre fidélité à Dieu est le résultat d’une relation directe avec Lui. C’est ainsi que la foi ne peut pas s’appuyer sur l’expérience d’autrui ni sur un commandement de croire. Vaine est la foi imposée par la violence, vaine est la conversion imposée par les armes. Nous n’obtenons pas notre salut parce que nous serions prêts à recevoir pour vrai tout ce que l’église aura décidé ou parce que nous lui la charge de connaitre disait Calvin.

Cet effort personnel d’apprentissage de l’existence de Dieu par la vie de la Parole, cette perception de la vérité et du salut lointain des promesses qui en résulte, est difficilement explicable à qui ne l’expérimente pas.

C’est la liberté que Dieu nous donne de chercher à vivre personnellement l’apprentissage de la Parole en utilisant toutes les ressources de notre conscience. Nous avons la certitude que nous avons un chemin de vie qui nous est propre et qu’il ne dépend pas d’un quelconque déterminisme (c’était écrit ou c’est le destin) ou d’une autorité religieuse qu’elle quelle soit. L’autorité de la Parole vient seulement de la bible.

Pour nous guider dans l’apprentissage, nous pouvons nous appuyer sur la fidélité de Dieu qui se manifeste dans son alliance avec les hommes ; d’abord sur l’alliance conclue avec Abraham et son peuple, puis dans l’alliance renouvelée avec nous, par la personne du Christ.

Appuyons-nous sur cette fidélité, sur cette valeur qui nous est offerte. Cette valeur contient comme tout ce qui est valeur, la constance et la permanence. Malgré nos doutes, nos hésitations, nos reculs, la miséricorde de Dieu, nous est acquise, définitivement acquise. C’est cela la constance de Dieu

Ce que Dieu attend de nous, c’est que nous vivions de sa miséricorde divine à l’image de ce qui a été vécu par les anciens de la Bible Ces anciens ont répondu à

 

la mise à l’épreuve de leur foi en restant fidèle à leur conviction, reposant ainsi leur geste et leur vie sur la miséricorde de Dieu.

Comme eux, en nous aidant des écrits de Calvin nous pouvons affirmer que loin de placer leur conscience en un paisible repos à l’abri des tempêtes, les fidèles même un combat perpétuel contre leur propre manque de foi. Mais nous affirmons aussi que quelques assauts qu’ils puissent subir, ils ne sont jamais vaincus, ils n’abandonnent jamais la confiante certitude, qu’ils ont un jour acquise de la miséricorde de Dieu.

Posons-nous des questions notre liberté, sur nos choix et sur notre consentement pour mener pleinement la vie qui nous est donné de vivre. Nous pourrons ainsi vivre et comprendre ce que Dieu attend individuellement de nous.

Avoir ou non la foi, reste toutefois un mystère. A y réfléchir, il ne peut y avoir de formules, de recettes ou de méthodes ni pour soi, ni à donner aux autres. La foi n’est pas une réponse à la raison, la foi n’est pas raisonnable, elle n’est pas quantifiable, elle n’est pas simplifiable La foi est une écoute, le résultat d’une confiance en la grâce reçue.

En vivant avec la foi, nous recevons en surplus la possibilité de vivre ici et maintenant la joie, l’amour, la bienveillance, la bonté et la douceur. Et nous aurons, par la joie, l’amour et la bienveillance la bonté et la douceur, un premier témoignage des promesses à venir et ce sont bien ces prémices de la Foi que le CHRIST pourra alors percevoir à son retour

C’est la grâce que je nous souhaite d’expérimenter.

Que Dieu nous vienne fidèlement en aide

Amen