17/11/2019 - Prédication synode régional - Partage des pains et des poissons

Lecture de Luc 9, 1-6 et 10-17

Partage des pains et des poissons.

 

Ensemble, nous venons d’entendre un texte bien connu des évangiles. Texte que nous appelons communément la « multiplication des pains ».

Aujourd’hui, je nous inviterai à ne plus jamais appeler ce texte comme ça! D’abord parce qu’il n’y a pas que du pain ; il y aussi les poissons, or c’est quelque d’important. Ensuite dans ce texte Jésus partage les pains et les poissons. Jamais le terme de multiplier n’est employé. Jésus partage comme on partage le pain et le fruit de la vigne à Cène. De plus, le terme « multiplication » donne des allures magiques à ce que Jésus a fait.

Or à la rigueur, ce qui pourrait être magique, c’est l’envoi des 12 un peu plus haut dans le texte, verset 6 « ils réalisaient partout des guérisons » ; ils ont l’air d’avoir des supers pouvoirs de guérison. Sauf que très simplement, des malades guérissent après leur visite. Cela signifie que les apôtres soignent et cela fonctionne, mais on ne nous dit pas de quelles maladies il est question, et on ne nous parle pas non plus du ratio d’efficacité de ces guérisons. Aussi ce qui est pour moi le plus important : c’est que la présence des apôtres aide à ce que la guérison de Dieu advienne. Quelle guérison ? ça n’est pas décrit dans le détail. Par contre on nous dit bien qu’ils annoncent la Bonne Nouvelle. Donc rien de magique nécessitant d’effets spéciaux extraordinaires et spectaculaires.

 

Rien de magique…partager c’est bon !

Pareillement, pour le partage des pains et des poissons. Jésus commence et initie le partage et au final tout le monde est nourri et il y a 12 corbeilles pleines ! Et la question c’est comment c’est possible de nourrir 5000 personnes avec seulement 5 pains et 2 poissons ?

Or il n’est écrit nul par dans le texte qu’il n’y avait que ça à manger. Ce sont les12 apôtres qui n’avaient que ça de retour de leur mission. Mission pour laquelle Jésus leur avait dit de ne rien prendre comme nourriture et voilà qu’ils sont arrivés avec des choses qu’on leur avait donnés !

Ainsi, je crois que les apôtres étaient déjà au bénéfice d’un partage dans la mission qui leur a été confiée. Dans ce repas du partage des pains et des poissons, il n’y a rien de magique ! Juste la continuité de ce qui se vit dans la mission : le partage. Jésus nous montre et nous enseigne la force du partage : la force d’aimer.

Le partage du pain de vie. Jésus dit de lui-même en parlant du pain de la Cène : ceci est mon corps ! Et le poisson dans le christianisme ancien, est le symbole des chrétiens (avant même le symbole de la croix), car l’anagramme en grec du mot poisson qui se dit ICHTUS (prononciation iktus) signifie Jésus Christ Fils du Dieu Sauveur.

 

Partager sans peur avec confiance

Aussi, je crois que le repas qui nous est décrit parle de ce que nous pouvons partager en abondance sans crainte de se faire manger et sans crainte de manquer ! Je crois que méthodiquement, Jésus nous enseigne à répondre à ce dont les gens ont besoin en partageant la bonne nouvelle.

Dans le texte, face à la peur de pénurie et de manque des 12, Jésus les interpelle en leur disant : verset 13 « Donnez-leur vous-même à manger ! » Ici pour moi dans ces paroles, Jésus a une confiance extraordinaire dans les apôtres. Il a confiance en leur capacité pour nourrir une foule de 5000 personnes à 12 !

Jésus a confiance en eux, les apôtres doutent d’eux-mêmes. Pour moi, c’est aussi une expérience que nous pouvons suivre dans notre foi. Mais lorsque nous doutons de nous-même, Dieu, Jésus a confiance en nous, encore et encore !

Or cette confiance, elle porte du fruit… elle répond à un besoin. La confiance que Jésus a pour ces disciples, permet de répondre au besoin d’une foule qui doit manger. Cette confiance appelle à un service qui répond à de vrai besoin. En Eglise ce service, on l’appelle la diaconie. Il est souvent structuré institutionnellement ; mais ce service à notre portée, c’est tout simplement prendre soin de celui qui est sur mon chemin, en comprenant ce dont il a besoin et pas ce que j’ai envi qu’il ait besoin. Jésus a compris et il comprend toujours : il faut nourrir la foule.

 

Partager petit à petit à sa mesure

Et Jésus poursuit son explication pour nourrir la foule en répondant au désarroi des 12. Jésus propose de faire asseoir par rangée de 50. Et c’est petit à petit que la foule est nourrit. J’imagine que ce n’est plus un ratio de 12 personnes qui nourrissent 5000 personnes en 1 fois. Mais bien 12 personnes qui nourrissent 50 personnes en 100 fois. Je crois que l’idée ici, c’est de faire les choses petit à petit à sa mesure. Au départ ça paraît long mais petit à petit, on y arrive. Et qu’en avançant à sa mesure, on arrive au but final.

 

Partager, donner, recevoir

Enfin pour notre mission en Eglise, je pense que symboliquement le pain et les poissons : c’est Jésus et l’Eglise comme corps du Christ. Nous allons célébrer la Cène ensemble prenez mangez, ceci est mon corps… nous sommes le corps du Christ. Ici pas question de sacrifice à perpétuer, mais une manière de comprendre le partage comme un don de soi qui se vit au travers de la fête d’un repas. Dieu aime celles et ceux qui donnent avec joie, le don joyeux. C’est ce partage aimant qui a valeur d’éternité. Un échange se vit où recevoir et donner trouvent leur équilibre dans la joie et la force d’aimer reçu dans la communion.

Aussi, je crois que les évangiles nous appellent à ce que nos vies soient comme celles du Jésus le Christ : rempli de force d’aimer qui malgré le mal, l’adversité et la mort sont relevées et ressuscitées.

Rien n’est fait en vain, car prendre soin, nourrir, éduquer, visiter etc. Ça fait du bien : c’est bon ! Et Dieu relève, il fait toute chose nouvelle, il donne et nous recevons cela. D’où la Bonne Nouvelle pour nos vies.

 

Vivre en Eglise, ça se partage !

Cependant pour partager au mieux, il nous faut aussi comprendre les besoins de nos contemporains. Non pas pour faire consommer toujours plus ou pour se faire « manger tout cru » mais pour répondre à leur vrai faim et soif, là où ils en sont… Et par la grâce de Dieu, je crois que nous pouvons nous faire confiance, nous sommes proches de cela notamment au travers des aumôneries qui accompagnent et soutiennent beaucoup dans des questionnements douloureux sur le sens de la vie, face à la mort, face au poids de la culpabilité. Nos contemporains ont besoin, « soif et faim » de parler… de vivre un chemin de parole qui ouvre à du mieux. Pour nous, c’est le chemin de la Parole qui ouvre à l’espérance.

Il y a aussi nos entraides et diaconats auprès des migrants, des personnes souffrant de la précarité, de handicap : certains ont faims, soifs, besoin d’un toit, de nourriture, de soutien administratif etc.

Il y a prendre soin de la création avec ses enjeux de fraternité et de justice aussi bien locaux que globaux. Nos synodes ont réfléchi pour proposer de vrais encouragements justes et apaisants.

Nos catéchèses pour les jeunes générations comme lieu d’accueil d’espérance, de confiance, de jeu et d’écoute.

Et le culte ! C’est pour se nourrir ensemble de la Parole de Jésus lorsque nous manquons de confiance, d’espérance ou même d’amour… Et tout ça, ça se partage : comme le pain et les poissons.

La foi, la confiance : c’est la foi que Dieu a en chacun et chacune d’entre nous. Dieu nous envoi, Jésus nous dit donnez-leur vous-même à manger ! Dieu a cette puissante confiance en nous !

L’espérance : … Comment vous dire ? Au départ, ils étaient 12 + 1…Aujourd’hui sur toutes la terre, nous sommes plus d’1 milliard… Mais l’espérance la plus grande c’est que la croix d’1 seul, le Christ notre Seigneur, nous entraîne vers cette vie plus forte que la mort. Rien ne peut nous séparer de l’amour donnée et partagée ! Et bien du coup, « aimer » : nourrir et se laisser nourrir, prendre soin de son prochain et de soi-même, accueillir et se laisser accueillir, c’est ce que nous vivons comme bénédiction lorsque nous sommes en Eglise avec le Christ.

Alors oui, ensemble vivons du « partage des pains et des poissons » vivons et partageons confiance, espérance et amour !

 

Oui, j’ai confiance en la vie. AMEN

 

Pr Dina Radafiarijaona, envoyé à l’EPUdF de Portes-lès-Valence