03/10/2021 prédication Jean Pierre Julian

Culte d’installation du pasteur Philippe Perrenoud, Narbonne 03/10/2021

Voici le texte de la prédication faite par le Président du Conseil Régional de notre Eglise, Jean-Pierre Julien, lors du culte d’installation pour le service de l’Ensemble de l’Aude, de notre Pasteur, Philippe Perrenoud, à Narbonne, le dimanche 3 octobre. A cette cérémonie participait une forte délégation de Carcassonnais, dont les membres de la chorale paroissiale.

Commentaire de Marc 7 v 1 à 23

Frères et sœurs en Christ,

Se laver les mains

Lorsque nous lisons le début de ce texte, un peu rapidement, nous pourrions penser que les disciples du Christ n’étaient pas très au fait avec l’hygiène. En effet, ils ne se lavent pas les mains avant de manger. Ils peuvent nous apparaitre comme des gens sales à la différence des pharisiens et des juifs qui eux sont des gens propres. Il est vrai qu’avec la pandémie qui sévit actuellement nous sommes très au fait de l’hygiène pour les mains avec le gel hydroalcoolique et pour les microbes avec le masque. Je ne sais pas vous mais pour ma part c’est le premier hiver où je n’ai pas eu mal à la gorge, ni le moindre petit rhume…Bien entendu ce texte de l’Evangile selon Marc cherche à nous dire autre chose que l’hygiène de notre corps. Il s’interroge sur nos motivations profondes : qu’est-ce qui nous pousse à agir de telle ou telle façon, qu’est-ce qui nous pousse à faire ceci ou cela, à dire cette parole plutôt que cette autre parole…

Traditions et regard social

L’évangéliste Marc qui nous rapporte cette scène nous décrit les pratiques rituelles qui étaient en vogue à l’époque de Jésus. Ces pratiques rituelles sont très dépendantes du regard social d’une société. Il y a ceux qui les font, ceux les font de temps en temps et ceux qui ne les font plus. Ceux qui le font scrupuleusement considèrent qu’ils sont en phase avec leur Dieu puisque leurs traditions et le regard social majoritaire le confirme. Cela bien sûr doit nous interroger sur nos pratiques religieuses et le regard social dominant. Si nous devons nous questionner sur nos pratiques rituelles dans le protestantisme réformé, il est vrai, qu’il faut bien chercher pour en trouver. Sur le regard social dominant de notre société qui n’est ni chrétienne, ni musulmane, ni bouddhiste, il est là aussi délicat d’en choisir un. Le contexte de la pandémie fait que le regard social encourage à la vaccination et au Pass-sanitaire et vous avez d’un côté les pour et de l’autre les contre. Je ne vais pas en dire plus sur cette question car elle divise les familles et notre société. Je ne fais qu’illustrer le poids d’un regard social sur nos vies. Cela nous permet de bien mesurer la tension qu’il y avait entre pharisiens et les juifs d’alors et ces juifs qui suivaient le Christ. Une véritable tension comme celle que nous vivons actuellement dans notre famille avec les pours et les contres la vaccination, avec les pours et les contres le Pass sanitaire.

L’interprétation

Tout cela nous encourage à faire un pas de plus dans la compréhension de ce que cherche à nous dire l’Evangéliste Marc. En effet ce texte nous interroge sur les motivations profondes des pharisiens et des disciples du Christ. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Il y a deux manières de vivre la fidélité à Dieu. Et cette manière de vivre cette fidélité à Dieu leurs est transmise par des rabbins, des prêtres. De même pour nous aujourd’hui la compréhension que nous avons d’être fidèle à Dieu, à Jésus Christ, a été transmise par nos parents, des pasteurs, des prédicateurs, des catéchètes, par notre propre lecture de la Bible. Ce texte de Marc ne juge donc pas les personnes mais remets en cause l’interprétation qu’ils ont de certains commandements de Dieu. L’exemple le plus parlant est celui de l’accompagnement de nos parents. Comme leurs enfants s’étaient engagés à donner au temple, ils ne veulent pas revenir sur leurs décisions car le don au temple est, à leurs yeux, sacré. De fait, il ne respecte plus le commandement initial de Dieu d’honorer père et mère. Ils privilégient leur interprétation et celles de certains rabbins et prêtres car ils considèrent qu’ils sont plus fidèles à Dieu de cette manière. Nous sommes ici devant un aveuglement spirituel. La formule du Christ est sans appel : « Vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous avez transmise. ». Nous devons toujours bien réfléchir aux interprétations que nous faisons et surtout que nous colportons. Dans ce texte de Marc ce qui est enjeu ici c’est la notion de pur et d’impur dans le devant Dieu, de ce qui souille l’être humain ou pas. La question est celle-ci : suis-je toujours fidèle à Dieu si j’oublie de faire mes rituels d’ablutions et lavage de mains ? Nous pourrions aujourd’hui tomber dans ce genre de travers et nous dire : si je ne fais pas mes trois prières par jours, si je ne vais pas au culte tous les dimanches, si je ne lis pas la Bible tous les jours suis-je toujours fidèle à Dieu… Le texte Biblique cherche à nous faire sortir de ce questionnement qui ne mène nulle part si ce n’est dans une ritualisation desséchante ou dans une culpabilité lancinante.

Ecoutez et comprenez !

Nous avons souvent une fâcheuse tendance à rester à la surface des choses. Le Seigneur en qui nous avons donné notre confiance et notre vie, nous encourage à aller un peu plus en profondeur. La phrase clé de ce texte est celle-ci : « Ecoutez et comprenez, dit Jésus : il n’y a rien du dehors de l’être humain qui puisse le souiller en entrant en lui, le rendre impur aux yeux de Dieu. C’est ce qui sort de l’être humain qui le souille, qui le rend impur ».  Nous devrions être paisible avec la nourriture que nous mangeons même si aujourd’hui manger de la viande, par exemple, est moins bien vu qu’à une certaine époque. Il est clair que ce n’est pas dans ce que nous mangeons que se joue notre relation à Dieu.  Entendons-nous bien, nous sommes toujours dans la question de la fidélité à Dieu ou de l’infidélité. Dit autrement, notre vie, notre manière d’être, de parler, d’agir est- elle en adéquation avec ce que le Seigneur espère de nous ? Il n’est pas question ici de virus qui peut détruire notre vie. Il est seulement question ici de notre vie devant Dieu, de notre vie en Christ, de notre vie avec L’esprit Saint au cœur de notre monde.

Le carrefour décisionnel !

Je ne sais pas si ce que je vais vous dire maintenant sera suffisamment clair et entendable. Car c’est un sujet délicat et souvent controversé.

Le Seigneur Jésus nous dit donc encore aujourd’hui : « C’est du dedans du cœur des gens que sortent les raisonnements mauvais : inconduites sexuelles, vols, meurtres ; adultères, avidité, méchancetés ; ruse, débauche, regard mauvais ; Calomnie, orgueil, déraison. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’être humain. (Ou le rende impur toujours aux yeux de Dieu) » Avant d’aller plus loin il est important de mieux définir cette notion de cœur dans la Bible.  Le livre des proverbes nous alerte déjà et nous rappelle son importance en nous disant : « Garde ton cœur de toutes choses car de lui jaillissent les sources de la vie » Le cœur pour Jésus c’est la partie la plus profonde de l’homme, c’est le siège de notre pensée, de notre volonté et de notre décision. Il n’est toujours pas question ici de moralité ou d’amoralité. Le Christ ici révèle ce qui se trame au fond de nous, dans notre cœur qui en terme biblique est donc le lieu par excellence où tout se décide, se réfléchit. Ici il n’est pas questions de bon ou de mauvais sentiments mais seulement du carrefour décisionnel de notre vie. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure de ce que nous révèle le Christ. Nous savons tous que nous sommes traversés par toutes sortes pensées, de désir, de projections. Notre responsabilité est d’être vigilent sur certains désirs, certaines pensées, certaines paroles, certaines motivations qui peuvent être néfastes pour notre prochain et nous-mêmes. Je ne vais pas les redire vous les avez entendus à deux reprises ce matin. L’évangéliste Marc nous alerte et nous encourage à ne pas donner vie par nos paroles, et nos actes à des choses qui blessent et qui peuvent détruire une relation. Il nous encourage par contre à laisser grandir en nous, une autre réalité qui prend naissance en Dieu, en Christ, en l’Esprit Saint au plus intime de notre cœur. Notre responsabilité et notre liberté est donc de laisser poindre de notre cœur, le fruit de l’Esprit Saint c’est-à-dire : Amour joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maitrise de soi. Comprenons-nous bien notre liberté et notre responsabilité se joue dans ce carrefour décisionnel, cette gare de triage, ce fameux cœur dont nous parle la Bible. Plus nous cultivons la confiance en Dieu, plus nous lui donnons notre vie, plus nous permettrons au fruit de l’Esprit Saint de prendre la bonne voie ferrée pour que notre être puisse, en acte et en Parole, rendre visible, cette vie divine qui coule en chaque être humain. C’est une bonne nouvelle qu’il nous appartient de cultiver jour après jour. Il est temps pour moi de conclure. Cette conclusion va reprendre ce que je viens d’énoncer mais cette fois-ci c’est comme si Dieu nous parlait en tête à tête dans une prière, au plus intime de nous-même.

« Mon enfant lorsque la colère, le désir d’adultère, l’orgueil et toute choses semblables prend naissance en ton cœur, dis-le-moi, confesses toi à moi qui suis ton seigneur, reconnais toi pécheur, ce n’est pas un drame, c’est une réalité. Oui, dis-le-moi de tout ton cœur dans le secret de notre relation car cela ne regarde que toi et moi. Ne laisse pas cette pensée mauvaise ou ce désir détestable envahir ton cœur (le siège de ta pensée et de ta volonté) puis ton âme et enfin ta force pour que tu deviennes son esclave. Parle-moi, accueille ma grâce, ma délivrance et vis dans le compagnonnage de l’Esprit Saint, c’est lui qui avec discrétion et délicatesse marche à tes côtés, c’est Lui qui fera grandir en toi ma paix, mon amour, ma bonté… »

Amen

Pasteur Jean Pierre Julian

Président du Conseil régional en Cévennes Languedoc Roussilon