culte 09/07/2023 prédication Mikaela Lagarde

Prédication Matthieu 11 :25-30.

Chacun de nous a eu l’occasion de vivre ce qu’on peut appeler : » une très mauvaise journée »

Une journée qui débute mal, après une nuit non réparatrice, nous sommes fatigués dès le réveil, parfois de mauvaise humeur, et un peu déprimés ; La suite est prévisible, tout va mal, les ennuis s’enchainent et s’accumulent, c’est la loi des séries. Le découragement et l’accablement nous gagnent, nous nous sentons seuls, la vie nous parait difficile et nous avons le sentiment d’être incompris, non soutenus dans nos charges familiales et professionnelles.

 Il semble bien que tout se soit ligué contre nous.

Des soucis et des inquiétudes bien légitimes viennent s’ajouter en assombrissant le tableau : notre état de santé, la guerre dans le monde, le réchauffement climatique, les injustices sociales, tout va mal et il n’y aucune raison que cela puisse s’améliorer.

Mais voilà qu’en ouvrant notre courrier (ou courriel) nous parvient une nouvelle vraiment incroyable, aussi inattendue qu’inespérée, une merveilleuse nouvelle, qui vient apporter un grand changement dans le quotidien de notre vie.

Et là, instantanément, comme par miracle, tout notre « mal être », notre découragement, notre fatigue, nos lassitudes, disparaissent, comme neige au soleil, pour faire place à une joie débordante, notre cœur se dilate, nous avons envie de sauter de joie, de danser, de crier de joie, et de communiquer cette bonne nouvelle à tous. Nous sommes remplis de reconnaissance.

En quelques secondes nous sommes devenus totalement différents, métamorphosés, nous nous sentons pleins d’énergie et heureux de vivre.

Nos problèmes n’ont pas disparus pour autant, rien n’a vraiment changé, mais nous, nous sommes totalement changés ainsi que notre vision de la vie.

Il se trouve que la parole de ce jour, si nous parvenons à l’entendre véritablement, est cette bonne nouvelle incroyable, merveilleuse, susceptible de nous remettre sur pieds, de nous transformer, de changer notre vision de nous-même et du monde, de faire de nous des personnes différentes.

Ce sont des versets que nous connaissons par cœur, mais peut-être n’en avons-nous conservé que la musicalité, et qu’il nous faut revenir, creuser à nouveau jusqu’à la découverte du trésor qu’ils contiennent.

Nous allons reprendre l’ensemble du texte de matth 11 : 25-30 il se présente en trois parties.

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.

Jésus est devant la foule, entouré de ses disciples ainsi que des disciples de Jean-Baptiste venus le trouver pour le questionner. « Es-tu le messie qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Il va s’adresser devant tous à celui qu’il appelle « son « père « et il va le remercier, le louer lui rendre grâce de ce qu’il a caché ces choses aux sages et aux intelligents en les révélant aux enfants, aux tout petits.

Dans le texte parallèle de Luc 10 :21 les termes sont très forts, il est dit que Jésus exulte de joie, qu’il crie de joie sa prière sous l’action du Saint Esprit. Et il crie : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

Ces « tout petits », c’est avec eux qu’il vit, ses disciples, le « petit peuple », les pauvres, les affamés, les malades, les exclus. Il s’est totalement identifié à eux : » à chaque fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits c’est à moi que vous l’avez fait ».

Un jour il prend un enfant dans ses bras et il dit à ses disciples « celui qui accueille ce tout petit, c’est moi qu’il accueille, » ce qui signifie également, accueillez-moi comme un petit, un enfant, tout simplement

L’ordre du monde est bouleversé. Ce royaume de Dieu que jésus est venu révéler est mieux compris par le « petit peuple » que par les savants et les grands sages.

Que ses paroles puissent être entendues par le plus petit, celui qu’on ne voit même plus tant il est insignifiant, les sans-pouvoir, cela le fait crier de joie, car c’est le signe que son message peut être reçu et compris par tous, même par un enfant, c’est là toute son espérance., le signe que tout est possible.

Jésus ne cherche pas à dénigrer l’intelligence et la sagesse, mais c’est par une écoute, un accueil du cœur que nous pouvons le recevoir.

Ce n’est pas nous qui allons nous élever jusqu’à lui par notre connaissance et toute notre sagesse, mais bien Lui qui va venir nous surprendre en se révélant à nous au plus profond de notre cœur.

Oui, le royaume de Dieu est accueilli par ceux qui ont un cœur d’enfance, un cœur de petit pauvre.

La foi se révèle dans une position d’écoute et d’accueil, dans une dimension de simplicité.

Après avoir exprimé devant tous sa joie et sa reconnaissance à son père, il s’adresse de nouveau à la foule et à ses disciples pour réaffirmer son intimité avec son père, c’est la 2ème partie de notre texte.

Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.

Jésus dira « celui qui m’a vu a vu le père « comment dis-tu Thomas « montre nous le père ne sais-tu pas que le père est en moi et que je suis dans le père. »

De Jésus on aurait pu dire « il a tout de son père, c’est tout son portrait » 

Jésus est devenu transparent à son père, si bien qu’il n’y a en lui plus aucun obstacle, aucun filtre, et que c’est Dieu lui-même qui nous parle directement à travers lui. Il désire nous faire entrer dans cette communion intime, et dans l’évangile de Jean nous comprenons que cela passe aussi par l’unité, qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi. *

 En nous révélant son père, en le rendant visible dans sa vie, dans ses paroles dans tous ses actes jésus espère nous faire entrer dans cette intimité incroyable.et dans cette découverte qu’il est déjà là au fond de nous au plus intime de nous-mêmes, au plus pauvre, au plus vrai de nous-mêmes. La mission de Jésus c’est de nous révéler le père, il l’a fait dans sa présence attentive et aimante, dans tous ses actes, ses paroles et en donnant sa vie jusqu’à en mourir.

 Il est venu nous manifester par sa vie que Dieu, son père et notre père, pouvait se dire, se révéler dans la nature humaine., dans notre nature, redonnant ainsi à notre humanité toute sa dimension spirituelle et ses lettres de noblesse.

La connaissance de Dieu, non comme un savoir mais comme une révélation et une expérience de vie.

Nous arrivons à la troisième partie de ce texte de Matthieu,

Jésus ouvre ses bras dans un geste d’accueil, de tendresse et de bénédiction. Venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerais du repos …

Selon les versions nous pouvons lire : Venez à moi, vous tous les fatigués, les accablés, les surmenés vous qui êtes déprimés, parce que vous ployez sous un fardeau trop lourd, courbés sous le fardeau, surchargés et je vous donnerai du repos, le repos du cœur, c’est moi qui vous soulagerai.

C’est un cri du cœur de Jésus, une parole chargée d’émotion et de tendresse, une parole émouvante.

Douce et précieuse invitation. Tous : C’est la grâce universelle, offerte sans autre condition, que de se sentir fatigués et chargés !

 

Ce thème reviendra plusieurs fois dans les évangiles, il dira « déchargez-vous sur moi de tous vos soucis «  ou pourquoi vous inquiéter, le  seigneur sait ce dont vous avez besoin , regardez les oiseaux du ciel et les lys des champs cherchez premièrement le royaume de Dieu et toutes choses vous seront données en plus, par surcroit.

Ou encore, Qui de vous par ses inquiétudes peut ajouter une coudée à la durée de sa vie, et pourquoi vous inquiéter… »

Venez à moi !

Venez, levez-vous ! amorcez un mouvement vers moi c’est moi qui suis venu vers vous, mais maintenant c’est à vous d’exprimer votre désir de changement et il vous suffit de croire que c’est possible, de croire en moi et en mon père.

« Venez, vous tous »

Il nous demande de venir tels que nous sommes, avec notre insatisfaction de nous-même, notre tristesse, et notre quotidien parfois pesant, décourageant. Nos souffrances physiques et morales, nos révoltes, nos lâchetés., nos manques d’amour, et puis toujours cette culpabilité qui s’accroche à nous.

Il nous accorde son pardon qui nous libère du poids des remords et de la culpabilité, il nous débarrasse du poids de notre passé et il nous donne sa paix, sa joie, et il nous propose des projets qui font vivre, une espérance nouvelle.

A aucun moment il nous reproche nos fatigues et nos lassitudes, tout cela est normal, et fait partie de la vie. .

« Venez vous tous » 

Cette parole vient nous surprendre, et marque un temps d’arrêt dans notre vie.

Je nous invite, l’espace d’un instant, à l’écoute de cet appel de Jésus, de marquer ce temps d’arrêt, à nous sentir concernés en repérant ce qui fait écho en nous, en prenant conscience de ce qui en nous est pesant, et nous empêche de nous sentir libres, et de le lui confier. Un temps pour nous poser et considérer nos vies et peut être voir ce qui en nous s’oppose à la vie.

Cette parole est comme un cadeau.

C’est là, la bonne nouvelle qui peut transformer nos vies en nous transformant nous-mêmes.

Venez à moi dit-il et il nous appelle, un par un, à voix basse, en murmurant notre nom, et en nous réunissant tous entre ses deux grands bras ouverts.

Il croit en nous plus que nous croyons en nous-mêmes et bien plus que nous croyons en Lui.

Il a seulement besoin de notre accord, de notre consentement, de ce mouvement vers lui.

Toutes nos difficultés ne vont pas disparaitre comme par enchantement, mais il nous invite à les lui remettre et à lui faire confiance. Iil va nous aider à vivre autrement en nous décentrant de nous-mêmes, il va nous donner le repos de nos âmes, c’est une promesse.

Plutôt que le « lâcher prise » terme si souvent employé de nos jours, je préfère : »se laisser désencombrer »

Dans le lâcher prise il me semble que la personne se trouve seule avec elle-même, sans vis-à-vis. 

Jésus, nous propose de nous désencombrer dans une relation de confiance et d’amour. Nous pouvons lui confier notre gros sac à dos, et nos valises, celle du passé et celle de l’avenir.

Nous ne sommes pas seuls.

Mais voilà qu’il nous demande de prendre son joug sur nous ! ce ne serai pas gratuit, il y aurait un échange ?

Le mot joug évoque une grosse pièce de bois contraignante qui vient se poser sur notre nuque ?

Le joug est synonyme de servitude !

Son joug serait une nouvelle contrainte, une nouvelle charge à laquelle nous devons tous nous atteler ?

Du temps de Jésus le peuple devait subir non seulement le joug des romains, de l’occupant, mais aussi le joug de la loi et des pratiques religieuses contraignantes, dont les 613 lois annexes sensées permettre d’observer les dix commandements. Et Jésus savait à quel point cela était pesant pour le peuple.

Jésus dira en s’adressant aux scribes, aux docteurs de la loi et aux prêtres, vous mettez sur le peuple une charge pesante que vous n’êtes pas capables de porter vous – mêmes.

« Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions car je suis doux et humble de cœur et vous recevrez du repos pour vos âmes car mon joug est facile et mon fardeau léger. »

Comme s’il comprenait que cette image du joug est difficile à accepter, il va immédiatement ajouter : recevez mes instructions, je préfère une autre traduction « mettez-vous a mon école » il nous rassure tout de suite car, dit-il je suis doux et humble de cœur et vous recevrez du repos pour vos âmes car mon joug est doux (on pourrait traduire par bienfaisant), facile, et mon fardeau léger. »

Prendre son joug c’est se mettre à son école, c’est vivre de sa vie.

Soit dit en passant, le mot conjugal vient également de joug, une autre façon d’avancer conjointement.

Lorsque nous avons déposé tous nos soucis, que nous lui avons confié toutes nos peines et nos angoisses un espace se libère, nous avons fait de la place, du vide, cet espace libre à quelque chose à voir avec le joug de jésus, car en étant désencombrés et décentrés de nous-mêmes, nous allons nous découvrir plus disponibles, nous allons enfin pouvoir nous mettre à son école et prendre soin de ces « tout petits » ses frères et nos frères tout en devenant nous- mêmes des « petits ».

Apprenez de moi, vivez ma vie, vivez de ma vie, venez à moi.

Allez ! vous n’êtes pas « foutus » vous n’êtes pas « H S » vous allez pouvoir reprendre du service, mais en vous mettant à mon école. Vous allez apprendre de moi comment vivre en enfant du Père, comment témoigner de son amour, il reste beaucoup à faire, la moisson est grande et il y a peu d’ouvriers. Vous verrez, je suis doux et humble de cœur et vos âmes seront comblées.

Pourquoi ce joug est-il facile et léger ?

 Parce que Jésus nous propose de vivre en plénitude en donnant le meilleur de nous-mêmes. De grandir dans cette connaissance de Dieu en devenant aimants car Dieu est amour et on ne peut le connaitre qu’en aimant, en découvrant au fond de notre être cette capacité d’aimer et d’être libre qui est son image en nous.

Car c’est en donnant, en se donnant comme Jésus l’a fait, que nous pouvons devenir pleinement humains, cette humanité que Jésus est venu magnifier. 

Je vous laisse une citation de Maurice zundel :

 ''C’est dans le don que l’homme se constitue, qu’il atteint lui-même à sa liberté, qu’il devient aussi le révélateur de Dieu qui nous appelle à transfigurer la vie, à transfigurer le travail, à faire de toutes nos relations humaines, de notre activité quotidienne, une offrande d’amour qui soulève le monde et le transforme.'' Maurice Zundel.

 

Voilà pourquoi le joug que tend Jésus est léger : parce qu’une fois endossé, il nous libère.

 

Me vient une dernière image : Le joug représentant symboliquement les deux grands bras ouverts de Jésus.

Lieu d’union et de communion avec lui, avec son Père et entre nous tous qui sommes accueillis sous ce joug doux et léger.

 

Le joug qu’il nous propose n’est pas seulement léger, c’est la légèreté même ! c’est la légèreté de la grâce de Dieu !

Puissions-nous le vivre ! amen