04/10/2020 prédication Michel Pujol

PREDICATION DU DIMANCHE 4 OCTOBRE 2020

 

 Dans le temple de Jérusalem, alors qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre, Jésus s’adresse directement à ceux qui veulent le tuer.

 

Il s’adresse aux grands prêtres et aux anciens, c’est-à-dire aux membres du Sanhédrin, les membres des grandes familles sous la présidence du Grand Prêtre. C’est à la fois, une cour de justice qui punit les délits contre la loi et en même temps une académie théologique qui fixe les dogmes et le calendrier liturgique.

 

N’oublions pas que ce sont eux qui soudoieront Judas, ce sont eux qui feront arrêter Jésus au jardin des oliviers et ce sont eux qui feront condamner Jésus à mort par l’entremise de Pilate.

 

Jésus ne craint pas le conflit et d’ailleurs il ne cherche pas à l’éviter. Il parle calmement, ouvertement et il ne se détourne pas de cette violence qui est autour de lui. Déjà, il montre à ses disciples qu’il est sur le chemin de sa passion. Mais il voudrait quand même essayer de dénoncer, de désarmer, de détourner cette violence qui va se déchaîner contre lui, férocement.

 

Peine perdue, nous le savons, aussi dans cette parabole Jésus va nous expliquer la raison de sa mort au travers de cette parabole des vignerons homicides.

 

Un homme possède donc une vigne. Mais l’accent aujourd’hui n’est plus mis sur la vigne mais sur les vignerons et c’est leur comportement qui est ici dénoncé. Il s’agit en fait d’un véritable affrontement entre les autorités du peuple et Jésus.

 

 Après la parabole des ouvriers de la onzième heure, celle des deux fils, cette parabole des vignerons homicides dévoile le drame qui est en train de se jouer à Jérusalem.

 

Personne ne peut s’y tromper. Pas plus nous que les grands prêtres et les pharisiens qui comprennent que ceux sont eux qui sont visés directement.

Jésus est allé à la rencontre des pécheurs, il a voulu les tirer de leur profonde misère morale. Et il s’insère dans cette parabole pour mettre en

 

scène toute l’histoire du salut. Il nous explique les raisons de sa mort prochaine.

 

Cela me rappelle un article d’André Gounelle, il n’y a pas très longtemps et peut-être certains d’entre vous l’ont-ils lu aussi, qui s’interrogeait de la façon suivante : « Dieu a-t-il voulu la mort de Jésus ? ». Ce n’est pas vraiment le sens de cette parabole mais la question peut nous venir à l’esprit.

 

Personnellement, je ne peux pas croire, penser imaginer cela. Les hommes ont voulu la mort de Jésus ; c’est de leur faute, tout entière, à cause de l’égoïsme, à cause de l’intégrisme et à cause des luttes de pouvoirs.

 

Le fanatisme religieux et politique a tué le Christ.

 

Dieu nous avait donné le Christ au contraire pour nous sauver. Dieu avait fondé un grand espoir sur les hommes. Dieu n’avait pensé qu’à cette part de nous-même qui devait être bonté et générosité.

 

Et dans notre vie aujourd’hui n’avons-nous, nous aussi, pas du mal à faire face à notre égoïsme, à notre propre fanatisme.

 

Dans cette parabole, Dieu nous confie au départ une vraie responsabilité. Il nous donne tout pour que la vie éternelle se développe bien en nous. Il insiste d’ailleurs sur le fait que la vigne a été bien préparée. « Il l’entoura d’une barrière, y creusa un pressoir, et bâtit une tour ».

 

Pouvons-nous imaginer ce que peuvent représenter ces éléments ?

 

Dieu n’est-il pas un vrai rempart dans notre vie ? Dieu ne nous demande-t-il pas de nous élever dans notre foi par la prière, la connaissance et la réflexion ? Dieu ne nous demande-t-il pas de séparer le bon grain de l’ivraie, ici le bon vin du moût ?

 

Au travers de ces trois éléments, Dieu veut nous dire qu’il nous donne trois forces pour notre vie : la force de sa grâce, la force de la foi et la force de l’amour. C’est ça la vigne de notre existence.

 

Il est bon de savoir que nous aurons à rendre compte de ce qui nous a été confié. Dieu ne menace pas, il nous dit de prendre au sérieux notre vie.

 

Cette vigne, le propriétaire l’a confiée à des vignerons. Il la leur a confié pour qu’ils s’en occupent pendant son absence. Qu’ils la taillent, qu’ils la cultivent. Et il a tout prévu comme nous venons de le voir : une clôture pour empêcher que les animaux la saccage, etc…

 

Mais le comportement des vignerons devient irrationnel ; croyaient-ils vraiment qu’ils allaient recevoir cette vigne en héritage ? Cette vigne qui porte du fruit et les vignerons ne veulent plus reconnaître leur propriétaire. Ils veulent se l’approprier et ils usent de la violence. Malhonnêtes, ils battent, ils tuent et ils lapident les envoyés du maître pour ne pas verser ce qu’ils doivent.

 

On peut s’interroger sur une telle attitude. Pour qui travaillent-ils, pour eux-mêmes ou pour un maître ?

 

En fait ils décident de couper ce lien de dépendance qui les relie au maître. Ils décident de couper ce lien de dépendance qui les relie à Dieu et ils veulent ne dépendre que d’eux-mêmes. Ils veulent être les maîtres d’un destin qui ne leur appartient pourtant pas. En fait ils sont devenus aveugles. Ils sont aveuglés par le mal et leur forfaiture et leur crime fait transparaître toute la laideur de leur comportement, de leur pensée et de leurs actes.

 

 C’est la démonstration de la férocité du cœur humain qui s’enferme parfois dans les ténèbres et qui ne supporte pas ou plus la bonté divine et qui veut étouffer la lumière.

 

Le maître lui s’exprime par un comportement patient et au fond de lui, il a espoir que ces vignerons reviendront à la raison et comprendront qu’ils font fausse route.

 

Et nous, peut-être sommes-nous aussi des serviteurs envoyés par le maître ? On doit peut-être s’attendre à être aussi maltraités ?

 

Ou bien sommes-nous aussi des méchants vignerons, stupides et arrogants ?

Et même en cela croyez-vous que Dieu nous abandonne. Non. Il nous envoie

les prophètes, les hommes et les femmes de bonne volonté, des amis qui nous rappelle sa volonté quand nous commettons des fautes. Nous avons aussi notre propre conscience, dans la mesure où elle est éclairée par l’Esprit Saint.

 

Le Père risque la vie de son propre Fils pour récupérer sa vigne. Avec un cœur rempli de gratitude et d’émerveillement, reconnaissons ce que le Père a fait avec nous, nous qui sommes sa vigne, une toute petite parcelle de son Royaume.

 

Le Fils a mis en jeu sa propre vie pour récupérer le bien volé. Et ainsi il offre sa vie comme celle de ses serviteurs auparavant. Mais c’est le crime qui conduira, à l’insu des criminels, au triomphe du juste et à notre salut.

 

Jésus a expliqué ainsi sa passion mais il a, avant tout, anticipé sa résurrection et pour ce faire il cite le psaume 118. Il va mourir parce que les responsables religieux se considèrent comme les propriétaires du peuple et non comme des personnes qui doivent prendre soin de la vigne.

 

Maintenant, ils sont devant un choix, ces grands prêtres et ces anciens : soient ils entendent ce que dit Jésus, soient ils s’enferment dans leurs certitudes néfastes.

 

Jésus le sait et il leur dit clairement qu’ils vont le rejeter, d’ailleurs ils le chassent hors de la vigne, hors de Jérusalem ; ils vont le rejeter comme on méprise une pierre de peu de valeur, une pierre qui ne s’insère pas dans leur projet humain de gloire, de gloire éphémère.

 

Mais Lui, par l’œuvre du Père, il deviendra la « pierre d’angle », c’est-à-dire la pierre qui est au sommet de l’œuvre et qui soutient tout l’édifice, celle qui en est son fondement aussi.

 

Cette parabole nous interpelle aussi individuellement. Serions-nous, nous aussi des vignerons infidèles quelquefois ?

 

Questionnons- nous : suis-je un témoin du Christ, est-ce que j’aide les autres à découvrir l’amour de Dieu et à réformer leur vie, si le Seigneur m’envoie des messagers pour m’appeler à la conversion, est-ce que je les accueille

 

avec humilité ou bien est-ce que je les renvoie ?

 

Une bonne leçon de lire les paraboles, c’est de rester convaincus qu’elles s’adressent à nous-mêmes. Le vigneron, responsable du peuple c’est aussi peut-être moi qui ai des responsabilités dans l’église. C’est moi, c’est nous qui seront jugés sur la façon dont nous avons accueilli le Christ dans notre vie et nous dans notre ministère.

 

Jésus a conduit les grands prêtres et les anciens à reconnaître que les mauvais vignerons ceux sont eux et qu’ils doivent disparaître. Il leur donne la clef de cette parabole : « les mauvais vignerons c’est vous : le règne de Dieu vous sera enlevé é et sera donné à ne nation qui en produira les fruits ».

 

Les grands prêtres et les anciens du peuple ont toute la puissance du temple derrière eux et Jésus, lui, est seul. Et pourtant Jésus annonce que ce qui leur a été confié leur sera enlevé. Le Fils est venu, il a accompli de recueillir de bons fruits sur la vigne, mais en plus il est devenu la vigne elle-même.

 

 Il nous a greffé à lui, « vous étés mes sarments » nous dit-il dans Jean 15, 5 et il nous dit encore que si nous restons unis à lui, il portera un fruit abondant, « celui qui demeure en moi et en qui je demeure portera beaucoup de fruit. »

 

 Mais il nous dit aussi, « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

Dieu, le propriétaire de cette vigne est désormais uni à cette vigne par son fils. De cette mort est surgie la vie, une vigne nouvelle.

 

Cette vigne nouvelle c’est notre espérance. Nos projets, nos actes, notre espérance ne doivent pas être gouvernée par l’égoïsme par un véritable amour qui produit lui, les fruits de la vie éternelle.

 

C’est incroyable comment les vignerons se sont pris pour les véritables propriétaires.

 

C’est incroyable comment des banalités ou des futilités peuvent prendre parfois le pouvoir en nous, pour notre propre ruine, alors que nous pourrions très bien vivre sans penser que nous ne sommes exclusivement que les gérants de notre argent, de notre temps et de notre vie.

 

Quand nous partirons nous-aussi, que restera-t-il ?

 

 Il ne restera que l’amour. Cet amour qui est l’héritier de la grâce, de la foi et de l’amour de Dieu, l’Eternel.

 

L’essentiel n’est-il pas l’être intérieur qui se renouvelle tous les jours en nous ?

 

C’est lui qui nous fait grandir et qui nous fait porter du fruit.

 

Par la grâce de Dieu.

 

AMEN