02/07/2017 MESSAGE DU DIMANCHE Charles Klagba

MESSAGE DU DIMANCHE 02 JUILLET 2017

 

Texte biblique :                      Matthieu 10 : 37-42

 

Message

 

Frères et sœurs, nous sommes dans le chapitre qui nous décrit ce que c’est qu’être disciple de Jésus.

Nous avons dans cet évangile est un extrait d’un discours de Jésus appelé "discours d’envoi en mission des disciples". À bien les écouter, les propos de Jésus que nous venons d’entendre ont de quoi nous surprendre et peut-être même nous interloquer.

Que vient-il de nous dire en effet ? Celui qui aime son père ou sa mère… son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi (Mt 10,37). Qui donc est-il Celui qui va jusqu’à demander cela ?

Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi (10,38). De quelle force intérieure est donc investi Celui qui lance un appel semblable ?

Qui veut sauver sa vie la perdra et qui la perd, à cause de moi, la trouvera (10,39). Quelle puissance de survie est donc cachée en Celui qui parle de la sorte ?

Il y a dans ce passage d'Évangile deux parties très différentes l'une de l'autre.

Dans la deuxième partie, Jésus parle de l'accueil du petit, de l'étranger.

Dans la première partie, Jésus emploie des mots durs, non pas à entendre ni à comprendre, mais à accueillir dans sa vie, à accepter pour soi.

Cependant, frères et sœurs, il nous faut essayer d'accueillir aujourd'hui dans nos vies cette parole du Christ si provocante : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ».

A première vue, ce texte est une succession d’affirmations dont on peut même se demander si Jésus les a toutes prononcées à la suite et on ne voit pas bien le lien entre elles. Tout cela paraît un peu décousu.

Mais à force de les lire et relire, on découvre au contraire qu’il s’agit d’un même appel, celui des choix nécessaires, des renoncements exigés par la fidélité à l’Evangile.

On savait déjà que l’évangile exigeait d’aimer : tout le discours sur la montagne l’a dit. Ici, Jésus parle d’autres exigences : «Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ».

Frères et sœurs, Jésus ne nous dit pas de ne pas aimer nos parents, des personnes qui sont vraiment chères ; ce serait nouveau !

Quand l’Evangéliste met dans la bouche de Jésus le verbe « aimer », il parle de l’amour filial.

Le texte grec dit: qui « affectionne » plus que moi. Il s’agit de l’amour naturel, de l’amitié, que l’on porte spontanément à ceux pour qui on a de la sympathie à cause des affinités de sang, de sentiments ou de pensée.

Jésus ne veut certainement pas nous dire que ces liens sont mauvais. Pour Jésus, cet amour n’est pas négatif, mais il veut montrer à ses disciples qu’il existe une autre façon d’aimer, supérieure à la première, parce que c’est celle de Dieu.

C’est pourquoi notre affection envers père et mère ne peut être vraie que si elle nous renvoie à la source. Nous ne saurons porter un véritable amour gratuit à nos parents que si nous les aimons de cet amour qui prend son modèle et sa force dans la relation intime avec le Père Divin. Eux comme nous, nous sommes aimés du Père Éternel, d’un amour parfait.

C’est pourquoi il nous invite à dépasser nos attachements sentimentaux, sans les renier, mais en leur donnant une nouvelle dimension. Jésus ne nous demande pas de ne plus aimer une parenté — que l’on peut être amené à quitter — ou une paternité, une maternité — à laquelle on peut choisir de renoncer.

Il nous demande simplement de L’aimer, lui, davantage, par-dessus tout et plus que tout car il est tout en tous et même tout en tout (1 Co 15,28 ; Col 3,11). Et que sa joie est de nous combler d’amour en réponse à notre amour (Jean 5,10-12).

En fait, mettre Dieu avant toute autre relation humaine, c’est se donner toutes les chances pour que cette relation soit une relation de qualité. Cet amour-là est plus fiable et plus solide que l’amour filial : c’est l’amour agapê. Cet amour est plus fiable et plus solide que l’amour philia. Oui, l’amour agapê est plus fiable et plus solide, parce que mettre Dieu à la première place dans toutes nos relations humaines, c’est éviter qu’une de ces relations tourne à l’idolâtrie. Qu’il s’agisse des relations entre les parents et les enfants, ou des relations entre conjoints, nous ne savons pas si elles réussiront.

Une bonne éducation n’est pas la garantie que l’enfant ne tournera pas mal, un amour attentif pour son conjoint n’est pas la garantie que le mariage n’échouera pas, parce que nous ne maîtrisons pas l’autre, il n’est pas une marionnette, il a sa liberté. Si nous avons tout misé sur ces relations humaines, nous serons désemparés.

Jésus invite ses disciples à un amour fondé sur la volonté. Cet amour fondé sur la volonté, c’est l’amour radical ; cet amour fondé sur la volonté, c’est l’amour agapè. 

Frères et sœurs, il est question dans l'évangile d'aujourd'hui simplement d'un beau risque à prendre

 

« Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi. », nous dit Jésus.

C'est cette phrase qui permet de bien comprendre ce texte. La clé, c'est la croix dont parle le Christ.

Il s'agit de se donner tout entier car, là où tout est déjà donné, il n'y a plus rien à prendre.

C’est à cet amour agapê que Jésus se réfère lorsqu’il parle de prendre sa croix pour le suivre.

Porter sa croix, c’était servir d’exemple, montrer à tout le monde que finalement on est soumis à l’autorité de celui qu’on décide de suivre. Porter sa croix, cela ne renvoie pas à la croix de Jésus, mais à une obéissance sans failles.

Le vrai disciple devra s'attacher à Jésus ressuscité et à son projet de vie plus qu'à tout au monde, plus qu'à sa famille.

Faut-il donc rejeter les personnes avec lesquelles nous avons des liens d'affection pour suivre Jésus? Devons-nous nous isoler du monde pour mieux aimer le Seigneur?

Sûrement pas, mais nous avons une décision à prendre: le suivre ou le rejeter, bâtir notre vie avec lui ou sans lui, même si ce choix peut être déchirant à ses heures. Il n’y a pas de oui mais….

 

Jésus nous demande de risquer notre vie en mettant notre foi en lui et en faisant de l'Évangile la norme qui unifie notre vie.

Aimer Dieu plus que son père et sa mère, ou plus que son fils ou sa fille, cela signifie donner, se donner à Dieu. Le vrai disciple devra faire le choix prioritaire d’être pour le Christ au point de confesser comme l’apôtre Paul : « si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. ». La vie est un cadeau de Dieu. C'est aussi notre bien le plus précieux. Car vivre, c’est d’abord recevoir la vie, accueillir l’amour. Nous sommes le fruit d’un don…

En effet, nous ne sommes pas le décideur de notre propre existence. Nous n’avons pas choisi de naître à ce monde et nul ne devient vraiment adulte qu’en acceptant d’être comme un « don au monde ».

 

Que devons-nous faire de cette vie reçue de Dieu? Nous sommes d'abord invités à accueillir Dieu en nos frères et sœurs, en ceux avec qui nous n’avons aucun lien filial.

L'accueil exprime la démarche essentielle de la foi. L'accueil du chrétien est plus que le simple geste d'hospitalité.

Faire bon accueil à un autre, c'est sortir de l'égoïsme pour s'intéresser activement à l'autre, c'est lui donner un peu de son temps, de son attention, de son estime. C'est souvent, l'écouter avec patience.

 

Frères et sœurs, dans notre monde d'anonymat, ces simples gestes d'hospitalité ne sont pas si faciles. Accueillir l'autre et se laisser accueillir par lui, ouvrir sa porte et ne pas fermer son cœur : ce ne sont pas là des actions d'éclat, mais des gestes modestes qui sauvent le monde.

Le repli sur soi n’est pas la vraie vie, au contraire la vraie vie c’est l’ouverture aux autres. Tous et toutes, nous avons fait l’expérience du véritable plaisir et du bonheur qu’il y a à donner de soi-même, à partager avec les autres ses affaires et ses biens, même minimes, et surtout à partager son temps, sa disponibilité. Au contraire, le repli sur nous-mêmes, s’il nous satisfait sur le coup, - car c’est toujours plus facile de rester bien tranquille sans se laisser déranger par l’autre -, ce repli, finalement, nous laisse un goût amer dans le cœur, un goût d’égoïsme, de mal être et non de bonheur.

Frères et sœurs, il s’agit de faire un choix. Et un choix important et décisif puisqu’il est question de prendre sa croix et de suivre le Christ jusqu’au bout. Il est question de garder la vie ou de la perdre. Tout cela paraît assez dur, voire même inhumain.

 

Pour suivre Jésus, pour être son disciple, il faudrait, en effet, l’aimer plus que père, mère ou enfant. Nous avons à faire le choix d’être chrétiens dans le concret de nos vies et donc, à nous opposer aux autres parfois, ou au moins à nous poser fermement devant eux.

L’ennui pour les chrétiens que nous sommes, frères et sœurs, c’est que Jésus fait une exacte équivalence entre accueillir l’autre et l’accueillir lui, le Christ. Plus fort encore : s’ouvrir à l’autre, l’accueillir, c’est donc accueillir le Christ mais aussi celui qui l’a envoyé, c’est-à-dire Dieu lui-même. Rude chemin que celui du chrétien, rude responsabilité ! Car voici que c’est toute la vie humaine qui devient chrétienne, qui devient le lieu de Dieu. Et pas seulement les moments religieux, les moments de prière et les célébrations. Toute la vie dans sa banalité la plus banale : donner un simple verre d’eau, si l’on en croit Jésus, prend tout à coup un sens infini. Et pour Jésus, c’est ce que nous devons faire, ce que nous devons faire chaque jour. Une poignée de mains, un bonjour, un regard, un café, une visite….Du temps passé, perdu ensemble, pour être ensemble, pour se dire par l’acte de notre présence et parfois en paroles, qu’on est des humains et donc des enfants de Dieu. L’amour de Dieu est un modèle car Dieu le Père nous donne tout, même son Fils.

Nos amours humains, l’amour conjugal, l’amour filial, l’amour des parents pour leurs enfants s’en inspirent même s’ils ne réussissent pas toujours à atteindre cet idéal. Le disciple de Jésus est celui ou celle qui accepte de sortir de lui-même, de «perdre sa vie», de ne pas regarder seulement du côté des conventions sociales. Il accepte d’expérimenter autre chose. Cela nous donne la caractéristique d’une vie chrétienne:

 

Frères et sœurs, en nous unissant à Jésus qui a tout donné pour nous, même sa vie, sans attendre de retour, que le souffle de Dieu, son Esprit Saint nous aide à sortir de nous-mêmes pour regarder autour de nous et y découvrir Jésus présent dans le petit, le faible et le démuni.

 

Amen !

 

 

Charles KLAGBA

 

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