09-01-2022 prédicaion Philippe PERRENOUD

Luc 3, 15-22  Carcassonne  9.1.22  

 

 

            L'époque de Jésus était, nous venons de l'entendre, et nous le savons peut-être par ailleurs, marquée par la grande attente d'un Messie, qui apportera toutes solutions à tous problèmes...

            Et Jean-Baptiste a annoncé : celui qui est plus puissant que moi ; qui vous baptisera dans l'Esprit-saint et le feu, qui a sa fourche à la main, il va nettoyer son aire ; et même : il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint pas… Quelle démonstration… Encore plus forte que celle de l’Apocalypse…

            Et celui qui est annoncé, pour réaliser cela vient ; il est baptisé, quelques versets plus loin ; et le ciel s’ouvrit pendant qu'il priait ! Ce qui pouvait faire peur est ainsi ouvert, avec la Présence de Jésus ! Il reçoit cette manifestation de l'Esprit. Là où le baptême était avant tout un acte de repentance, la voix venue du ciel proclame autre chose ! Elle proclame bien autre chose : C’est toi mon Fils bien-aimé. Jésus est totalement rempli par la plénitude d’Amour de Dieu ; il manifeste la plénitude d’Amour de Dieu. C’est à la fois la base et l’accomplissement.

 

            Mais voilà… on peut avoir l’impression, et/ou beaucoup pensent que c'est bien beau ; mais que le ciel s’est bien re-fermé depuis… C’est ce qui est ressenti souvent : dans la vie de nombre de nos contemporains, dans les catastrophes de ce monde, etc.

            Alors ?

            Pourquoi y a-t-il tant de souffrances, et même de prières qui ne semblent pas recevoir de réponses ? Pour beaucoup de nos contemporains, nous en parlions à la suite de contacts ici, la question du Mal est une grande question...

            Que s'est-il passé alors dans cet épisode, pour nous éclairer à ce sujet ??

 

            Avant que le ciel s’ouvrit sur Jésus, il voulu être baptisé.

Quel besoin avait-il, d’ailleurs, de venir se faire purifier de  « péchés » qu’il n’a pas commis ?

Il a, par ce signe, rejoint toutes nos réalités, s'est solidarisé de toute l’humanité. Ce passage évoque d'ailleurs quelque chose auquel nous ne prêtons pas toujours attention : comme tout le peuple était baptisé... comme souvent dans la Bible, ce n'est pas une question de chiffre, mais de signification : toute l'humanité est unie par ce signe. Comme le critère de l'Apôtre Paul ensuite, tout au long de son ministère : construire ensemble, dans une dimension d'universalité, avec nos différences... Que le critère qui nous guide soit ainsi : qu'est-ce qui est constructif, pour l'ensemble... avec nos différences (ceci pas seulement au moment de la Semaine prière pour l'unité, ou d'un dimanche de Conseil Presbytéral...)

D'autant plus que : que se passe-t-il à la suite de ce baptême de Jésus : l'Esprit-Saint descendit (...) comme une colombe. Il n'y aurait pas eu besoin de nous dire que l'Esprit était comme une colombe... Pourquoi est-ce alors le cas ? Cet Esprit n'est pas n'importe lequel...  Bien sur ! Mais plus encore ? plus précisément ? Cette colombe, signe dans le 1er Testament, de Paix, du souffle de Paix, d'Alliance de Paix, comme avec Noé. Alors que le Messie était attendu pour baptiser dans l'Esprit-Saint, certes, mais lequel ? Avec le feu... comme avec une pelle pour nettoyer, brûler au feu qui ne s'éteint pas... Il est maintenant manifesté avec le signe de la Paix...

 

            Tout cela nous dit quelque chose sur le baptême, mais aussi sur la vie qu’il nous ouvre, pour laquelle il est un signe…

Ici s’opère une évolution, un changement dans l’histoire humaine et l’histoire religieuse. Le baptême de Jésus signifie que c’est Dieu lui-même qui vient chez les pécheurs ; et non les pêcheurs qui doivent essayer de se purifier, comme ils le peuvent... 

Jésus se plonge dans les eaux du Jourdain pour nous dire qu’en réalité il vient se plonger dans notre humanité. Dieu vient jusque dans notre poussière. Et cette présence continue : il vient toujours s’immerger dans notre humanité, pour y déposer l’infini de l’Amour de Dieu. Au Jourdain, comme à la croix, il va jusqu'au bout ; il descend dans les eaux troubles de nos vies.

Et c’est à partir de là qu’il est relevé ; et qu’il nous relève… avec sa vie, qu’il donne, qu’il sème en ns, dont il sème la saveur… la vie qu'il insuffle...

Là est notre foi : à recevoir, cultiver, partager...

 

Reste la question du Mal : d'où vient-il alors ?... Son Esprit  devrait tout nous expliquer, expliquer tout. 

Il y a notre part, nos parts, et il y a tout ce qui est inexplicable. Et qui nous pose problème.... Or notre foi est basée sur des témoignages, des présences, des cheminements. Elle n'est pas un système théorique tombé du ciel... un système clos, prétendant tout expliquer... Ce qui est normal : nous sommes humains, limités ; notre langage l'est donc aussi. Il ne peut en être autrement ; prétendre le contraire serait une erreur : non seulement une illusion, mais un totalitarisme... La foi n'est pas un système clos, total-itaire qui descendrait du ciel. Cela veut dire alors aussi qu'un certain nombre de choses nous échappent... dont la question du Mal.. son origine, en particulier. Ce que l'on peut, par contre, c'est une Parole et un projet... Lequel ? Il est ici présenté, avec ce Jésus qui rejoint justement notre humanité, toute notre humanité, pleinement... et cet Esprit qui vient comme une colombe   … Ce que l'on sait, d'emblée, de perspective qui nous est donné pour notre foi : c'est un projet de Paix, pour nous et pour le monde...

 

            Lequel donc ? Ce qui vient du ciel, c'est un Esprit, comme une colombe.

Voilà notre foi, telle qu'elle est présentée en ce début d'Evangile, de ministère de Jésus : une Présence divine pleinement humaine, venue pour nous rejoindre entièrement dans notre l'humanité...  pour un projet de Paix, pour manifester son projet de Paix : non seulement une colombe après le déluge seulement, mais pour tous les temps et toute notre humanité ; que nous pouvons transmettre, que nous sommes appelés à transmettre, comme avec ce signe du baptême, signe pour toute vie...

Cette foi enlève alors au Mal et à la mort le dernier mot dans notre histoire…

Alors que notre fonctionnement habituel, y compris religieux parfois, est d’essayer de monter, de vouloir atteindre : ici la démarche 1ère est inverse : il vient à nous… jusque dans nos ignorances. Mais Jésus-Christ a ouvert les cieux pour nous. Nous pouvons alors en vivre…

 

            En quoi nos regards voient-ils alors avec cet Esprit ?... avec la Grâce ? avec  bienveillance ?... En quoi nos regards sont-ils éclairés ? Pour voir et porter un regard de Grâce ?... avec bien-traitance ? Vivre cela comme critère de vie ?... pour nous encourager à aller de l'avant, avec cette Grâce, cette foi, cette confiance, à porter ; y compris faire le tri dans nos vies et nos regards...

C’est comme cela que le ciel est toujours ouvert pour nous : accueillir la Présence offerte, manifestée en Jésus-Christ. Nous y plonger aussi ; bien avant les coaching de vie personnelle, de développement personnelle , il nous montre une vie positive ; et ceci de façon tellement plus profonde... Que notre rôle est de remettre de la Grâce, de la Paix, des perspectives là où il y a le Mal envahit ; chacun à notre mesure ; même si nous sommes parfois de petits colibris, ou de petits membres d'un corps ; surtout les moins visible et parfois moins considérés. Que notre rôle soit, aussi souvent que possible, de vivre en proposant, en pro-testant... cette Paix...

                        Amen.