30/04/2023 prédiction Philippe PERRENOUD

Jean 10, 1 à 10  Carcassonne, avec baptême 30 avril 23     

 

 

            Voilà un texte parlant ; pas tout à fait facile non plus...

            Il nous parle en effet d'enclos, et de mener dehors... Des images qui peuvent parler aujourd'hui... Attention bien sûr, alors, à ce que ce ne soit pas trop rapidement...

            Nous vivons toutes sortes d'enfermements, une société de plus en plus cloisonnée, différenciée, remplies de dangers (réels ou ressentis, physiques, mais surtout moraux), etc...

 

            Mais là n'est pas tellement l'enjeu de ce passage (bien que toutes ces situations soient dans les préoccupations importantes de la Bible...). Car l'enclos, dont il est question ici, est bien sûr quelque chose qui enferme, mais qui protège aussi ; c'est ainsi que Jésus l'emploi. Nous avons besoin d'être rassurés, avant de sortir de nos « zones de conforts ».

 

            Dans tous ces cas de figures, le projet de foi en Jésus-Christ est au delà : au delà de nos limites (subies ou pour nous rassurer), de nos perceptions, etc... Le passage que nous venons d'entendre parle justement d'ouvrir... ; il garde pour ouvrir, pour nous ouvrir...

 

             Comment fait-il alors passer, nous dit-il, les brebis de l'enclos, à dehors ?...

Parce qu'il les appelle, parce qu'il les connaît par leur nom.

            Voilà qui renvoie à beaucoup de dimensions importantes dans le fonctionnement de notre foi :

–    il les connaît par leur nom : nous avons une foi personnelle, une relation personnelle. Contrairement à une image trop courante, et qui a trop existé, la foi n'est pas là pour nous mettre dans un moule, nous enfermer (en plus de tout ce qu'il y a déjà...)  Comme vs l'avez bien exprimé avec cette évocation de Goethe : que l’on ne pouvait pas modeler nos enfants selon nos désirs. Qu’il fallait les accepter et les aimer exactement comme Dieu les a créés.

Parce qu'il connaît chacune par son nom : nous avons une foi personnelle ; non pas avant tout par de grandes règles, et encore moins par une soumission... Un troupeau de brebis n'est d'ailleurs pas quelque chose qui se laisse mener « comme ça »... Et les bergers ont une relation forte à leurs brebis... Bien plus : le nom a une grande importance dans la culture d'alors ; le nom donne, de façon importante, une identité. Une foi personnelle, faite donc de relations personnelles ; individuelles et ensemble : il les/nous appelle : chacun et au pluriel, chacun et ensemble.

 

–    Pour cela, continue le passage du jour : il nous appelle : c'est le mot ce qui est évoqué pour la création, dès les grandes images de la Genèse : celles-ci n'étant bien sûr pas des récits scientifiques, mais des images  elles nous disent que Dieu tire du chaos des éléments, et les appelle à fonctionner de façon vivante. C'est la création : créer, c'est ici, appeler. Et pour la terre entière...

–    appeler dehors : comme dans l'Exode, épisode fondamental de la Bible : être appelés, c'est à la liberté, contre toutes sortes d'esclavages ;  pour nous libérer... Comme ce fut le cas à la base de l'Alliance reçue, à l'Exode, pour la liberté, à vivre, après la libération... d’Égypte, symbolique aussi, et donc de tant d'autres choses, et toutes choses...et contre bien des déterminismes aussi...

 

Comment ?

 

            Il nous parle ici au pluriel.

            Particulièrement dans notre foi, nous avons toujours besoin de découvrir à plusieurs... Nous sommes, en restant dans nos propres dimensions et perceptions, comme notre société nous y amène de plus en plus , limités dans nos mouvements. Mais si la parole circule, s'échange, cherche... elle est toujours créatrice...

 

            Tout cela pourrait être simple, serein (et ça l'est). Mais il y a ces mentions d'étrangers, de voleurs et de brigands... Non pas des catégories toutes faites ; en particulier les étrangers, voleurs et  brigands... Ce ne sont bien sûr pas les étrangers au sens national, puisque la création est voulue, appelée, pour tous... de même les voleurs et brigands... Mais peut-être/sans doute plus particulièrement les plus sournois : des sirènes idéologiques, du temps de Jésus déjà... et aujourd'hui toujours...

            Mais ils ne sont pas destinés à être tels quels sans fin, comme toutes catégories de gens : là encore, pas de déterminisme ; chacun est appelé à évoluer, penser, etc. Bien mieux, donc : le déterminisme de sa parole, de sa Présence qui nous appelle, de son projet pour ns !... « C'est écrit » nous offre un projet, qui nous appelle, dans sa perspective d'Amour, de Grâce.

            Là où nous avons souvent le sentiment de subir, il nous offre une perceptive 

 

            Comment, à nouveau ? Ils entendent la voix du berger.

A la question, évoquée récemment, sur le silence de Dieu : effectivement, nous pouvons avoir cette question. Il est pourtant celui qui nous appelle toujours, dont la voix nous a été donnée, qui est connue, peut être connue, que nous pouvons faire connaître, afin qu'elles/ils connaissent… nous dit notre passage.

 

            Alors à nouveau pourquoi cette mention des étrangers, voleurs et de brigands ?...

Notre foi ne s'imposant pas, Jésus se trouve là dans un contexte difficile, polémique ; non seulement avec une opposition de plus en plus grande de pouvoirs (religieux, qui étaient alors/déjà, aussi financiers et politiques...), mais aussi des Pharisiens : Jésus venait, juste avant ce passage, de s'opposer à eux à propos de la guérison de l'aveugle de naissance ; et alors à propos de la question du Mal, de l'origine des malheurs. Et Jésus refuse les explications toutes faites ; avec ce qu'elles impliquent d'autoritarisme, et particulièrement en l'occurrence de chantage. La foi appelle à la vie, conclut Jésus dans cet épisode précédent ; la foi invite et non pas condamne en surplus...

            La solution à tout, pour les Pharisiens, étaient une obéissance à la Loi ; en soit, pourquoi pas … Surtout une Loi, la Loi, c'est-à-dire l'Alliance, faite pour l'homme .. Mais elle devenait, chez eux, oppressante, autoritaire. Là où elle est en fait donné... La vie est un don... Elle est par Grâce.

 

            Elle nous dit toujours qu'il n'y pas, comme nous l'a déjà dit la sortie d’Égypte, la Loi et les prophètes, la Présence et la Parole de JC, de fatalité... de caractère irrémédiable ; qu'une issue et une voie libre sont toujours possible ; qu'un accès à la vie, chacun et ensemble (bien plus : parce que chacun et ensemble..), nous est toujours donné...

            Je suis venu, dit Jésus, pour que les hommes aient la vie en abondance. Cette promesse ne peut se vivre que dans la foi. Mais la foi contient cette Promesse. Celui qui croit en moi vivra Jésus ouvre pour nous une porte sur la vie ; il l'a fait tout au long de son ministère ; il l'a réalisé au-delà de la croix. Il l'a fait et le réalise pour nous aujourd'hui encore...

           

            Comme vous l'avez aussi exprimé

en route ma tortue !

Avec ce baptême, nous envoyons un message d’amour et de fierté à tous nos

proches, présents et absents…

Maintenant, c’est à toi

                       

            Amen