12/04/2020 Culte de Pâques JPP

       Culte de Pâques      

12 Avril 2020

(Jean Pierre Peirou)

 

Nous sommes, en ce matin de fête, éloignés les uns des autres, chacun dans ce qui constitue son quotidien, en famille ou seul, malade ou bien portant, nous sommes rassemblés pourtant par cette espérance qui nous réunit et fait que nous sommes l’Eglise, l’assemblée des appelés.

 

Nous vivons dans des villes, dans des métiers, dans des familles, mais le lieu où nous vivons en vérité n’est pas un lieu.

 

Le lieu où nous vivons vraiment n’est pas celui où nous passons nos jours,

Mais celui où nous espérons, sans connaitre ce que nous espérons

 

Celui où nous chantons, sans comprendre ce qui nous fait chanter

 

Entrons donc dans ce lieu pour chanter la gloire du Seigneur

 

Louange

 

Seigneur, nous ne sommes que cendre et poussière, mais pour cette poussière que nous sommes, tu as donné ton fils unique.

Nous te louons

 

C’est vrai que nous sommes aussi éphémères qu’une fleur des champs

Mais ta bienveillance dure d’éternité en éternité

Nous te rendons grâce

 

C’est vrai que nous sommes orgueilleux et agités, impatients et révoltés

Mais tu es un Dieu qui réconcilie le pardon et la vérité, la justice et la paix

Nous te bénissons

 

C’est vrai que nous balbutions dans notre marche vers toi, mais c’est toi qui nous rejoins et qui fait route avec nous

Nous te louons

 

Rappelle- nous, jour après jour que la terre a été créée pour notre salut

Que cette confiance nourrisse notre louange !

 

Chant de Louange Psaume 98

 

Repentance

 

Seigneur, nous voulons avoir ce matin le courage de la lucidité en ces jours difficiles

C’est vrai que sans le vouloir vraiment,

Ou sans nous l’avouer,

Nous fermons les yeux sur tous ces petits coins sombres de notre personne :

Notre orgueil,

Notre paresse à écouter l’Evangile,

Notre égoïsme face à la maladie

Notre convoitise

C’est vrai que nous cultivons toutes ces petites compromissions

Qui peu à peu nous éloignent de ta vie.

 

Nous voulons maintenant ouvrir les yeux

Et nous tenir devant toi en vérité

Nous t’en prions

Que ta vie éclaire notre nuit

Que ton pardon guérisse nos compromissions

Que ta vérité triomphe de nos obscurités

 

Oui nous te le demandons

Que ta grâce nous conduise sur le chemin

Qui mène des ténèbres à la lumière.

 

Spont 1

 

Annonce du pardon

 

Il n’est jamais trop tard pour Dieu

Il ne fait jamais trop sombre pour Dieu

Nul n’est jamais perdu pour Dieu

Rien ni personne ne prendra jamais notre place en Sa maison

Il nous attend, il nous attendra encore

Cette fois nous savons où aller

Nous mettrons nos pas dans ceux du Ressuscité

Et déjà la fête commence

Elle durera pour l’éternité

Car c’est moi, dit Dieu

C’est moi qui vous réconforte

Afin que votre joie soit parfaite

 

Spont1

 

Loi

 

Prions le Seigneur, qu’il nous aide à vivre selon sa volonté, dans les traces du Ressuscité :

 

Seigneur, quand j’aurais faim, donne- moi quelqu’un à nourrir !

Quand je serais découragé, donne- moi quelqu’un à relever

Quand mon fardeau me pèsera, charge-moi de celui d’un autre

Quand j’aurais besoin de tendresse, qu’on fasse appel à la mienne

Que ta volonté soit ma nourriture, que ta grâce soit ma force

Que ton amour soit mon repos

Amen

 

Spont 1

 

Avant lecture :

 

Seigneur, nous allons entendre ces textes qui t’ont porté jusqu’à nous

Qu’ils deviennent, malgré nos réticences, cette Parole dont nous avons besoin, celle de l’Espérance et de la victoire sur la mort

 

Lectures : Colossiens 3, 1 à 4

           Mathieu 28, 1 à 10

 

Chant 471

 

Prédication :

 

Mathieu 28 1 à 11

 

Nous voici donc en ce jour de fête, éloignés les uns des autres pour célébrer, l’inimaginable, l’impensable, dans lequel, pourtant, réside toute notre espérance. «  Il est ressuscité ! », « il est vraiment ressuscité ! » clamons nous avec nos frères orthodoxes ou catholiques.

Pourtant, ayant dit cela, qu’avons-nous dit ? sauf à croire que la résurrection se confond avec une réanimation ?

Que comprenons-nous dans ce mot ? comprenons-nous vraiment ce que nous disons alors que nous sommes dans l’irrationnel ?

En réalité l’inimaginable ne nous est prouvé que par la foi de ceux qui nous l’ont transmis.

 

Ce texte de l’Evangile de Mathieu est plus « spectaculaire » que la sobriété du texte de Marc.

 

Certes, on remarquera que comme chez Marc, la nouvelle est annoncée d’abord à des femmes, ce qui à l’époque n’est pas anodin. Chez Luc, leurs paroles sont mises en doute. Je crois qu’il est important de remarquer que l’annonce de l’évènement se fait alors que les bénéficiaires de celle-ci sont juste venues effectuer un geste rituel, marqué par le chagrin, comme nous-mêmes nous en accomplissons.

Pourtant une des caractéristiques du récit de Mathieu est la présence de signes de « théophanie », c’est-à-dire de manifestations divines telles que nous les imaginons parfois et telles qu’on les retrouve dans le premier testament. « .Tout à coup, il y eut un grand tremblement de terre. Un ange du Seigneur descend du ciel… » Toute cette section .donne à l’annonce un caractère  « sacré ». La terre tremble, et lorsqu’il est dit que «  l’ange du Seigneur descend », il nous est signifié que Dieu lui-même s’approche. En effet, le terme ange souligne l’annonce ( angelos, celui qui annonce) et celui d’ange du Seigneur souligne la présence de Dieu lui-même en tant qu’il est porteur d’une nouvelle. On pourrait dire que comme à chaque théophanie Dieu se révèle tout en se cachant. Il ne s’agit pas d’admirer le merveilleux et de s’extasier sur lui. La manifestation divine n’est là que pour conduire à la nouvelle et à la constatation du « VIDE ».

« Venez voir l’endroit où il gisait ». Ce qui est révélé aux femmes et constitue la révélation première de la résurrection, c’est le vide ! Ainsi en est-il de même dans le saint des saints du temple de Jérusalem, lieu de « présence » de Dieu, : le vide.

 Il me semble que cette absence est, d’une certaine manière la forme de présence de Dieu ! Une personne qui me manque par son absence, n’est-elle pas plus présente dans ma vie que celle que je côtoie chaque jour ? Ne sommes-nous pas plus près du Seigneur en ces jours où nous nous sentons abandonnés ?

Ce qui importe, ce n’est pas l’incompréhensible de l’évènement, mais ce que l’on en fait. L’ange est porteur d’un double message : « il n’est pas ici ! » et « soyez sans crainte ». Le message n’est pas destiné à susciter une contemplation du merveilleux, mais d’abord à nourrir la Foi. Ici comme dans d’autres récits évangéliques, le contraire de la foi est la peur. En ces jours de grand désarroi et d’immense solitude, souvenons- nous de ce qu’est la foi : non point une forme d’adhésion à des affirmations ou à des rites superstitieux destinés à nous protéger, non, elle est confiance en cette Parole qui nous est donnée au-delà des siècles et qui nous dit, à nous aussi « il n’est pas ici ! »

Ainsi le message de Pâques est-il celui d’envoi. Les femmes, puis les apôtres sont invités à partir en Galilée.

 Peu fréquentable Galilée, où se trouve mêlées les civilisations ! Le ressuscité n’est pas à chercher dans les églises ou les temples, mais dans les lieux où nous craignons d’aller ! Il nous attend dans l’improbable d’une banlieue. Jésus lui-même dans ce texte ne se présente pas pour faire admirer sa victoire sur la mort mais pour envoyer ses disciples.

 

Qu’est-ce alors que cette résurrection ? (notons au passage que le mot n’existe pas dans la langue grecque, mais que les mots sont semblables à se lever , s’éveiller )

Ainsi la victoire de Jésus sur la mort est-elle un éveil auquel nous sommes invités à participer. Il est vivant pour peu que nous sachions le rencontre dans l’ailleurs de nos vies, dans ce qui les bouleverse pour peu qu’au-delà de nos peurs nous sachions marcher dans sa trace et le rencontrer dans nos Galilées ! 

Le message du jour est bien « Il est vivant » il nourrit cette confiance qui doit nous porter et nous re-susciter, Il nous appelle au-delà de notre quotidien et nous répète, une fois encore « n’ayez pas peur !’

 

 

Confession de foi

 

Nous croyons et proclamons avec joie :

que Jésus-Christ s'est donné pour toute l'humanité:

pour celles et ceux qui ont vécu depuis les origines de l'histoire,

pour celles et ceux qui naîtront jusqu'à la fin des siècles

pour les foules qui se pressent dans les villes,

pour les habitants de la montagne la plus reculée,

pour le bébé qui vient de naître et pour le vieillard sur le seuil de l'éternité.

Nous croyons qu'il s'est donné pour nos amis et nos ennemis,

pour les croyants et les incroyants, pour les riches et les pauvres,

pour les martyrs et les bourreaux.

Oui, pour tous, pour toi, pour moi, Jésus-Christ est venu.

il a vécu, lutté, souffert,

il a traversé l'agonie de Gethsémané et les ténèbres de la croix pour toi, pour moi.

Il a triomphé de la mort et ouvert devant nous les portes d'une irréductible espérance,

de sorte que "rien désormais, ni passé ni avenir, ni bonheur ni malheur,

ni vie ni mort, ni hauteur ni profondeur, ni aucune force qui soit au monde,

ne pourra jamais nous séparer de l'amour qu'en lui Dieu a manifesté."

 

Amen.

 

Chant : 471

 

Sainte Cène

 

Nous ne pouvons ce matin, célébrer physiquement le dernier repas du Seigneur comme il l’a demandé. Pourtant son récit va nous unir dans la foi et l’espérance et ce  malgré les distances.

Dans la simplicité de ce récit sans emphase, il y a quelque chose de surnaturel, et qui nous dépasse au point de nous unir étrangement.

Chacun peut marquer symboliquement cette unité et cette indicible espérance

 

Institution

 

Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il allait être livré, prit du pain ;

Après avoir rendu grâces, il le rompit, et dit : « C’est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi. »

Il fit de même avec la coupe, après le dîner, en disant : « Cette coupe est l’alliance nouvelle en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. »

Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, c’est la mort du Seigneur que vous annoncez, jusqu'à ce qu'il vienne.

1 Cor 11,23-26

 

Nous prions :

Seigneur, comme les épis jadis épars dans les campagnes et comme les grappes autrefois dispersées sur les collines furent réunies sur la table dans le pain et le vin, qu’ainsi nous soyons, malgré les distances, unis en Toi.

 

Chant 537

 

Dans ce temps défiguré par l’horreur

Dans ce temps comme une nuit assombrie de pleurs et de cris

Dans ce temps où la vie innocente est comme une croix où la vie a été clouée

Nous pensons parfois «  Seigneur où es-tu ? »

Mais par ton fils, nous savons qu’avec nous tu traverses l’effroi, la mort et le mal

Pour déchire la nuit et nous porter jusqu’à l’aube d’un troisième jour

Qui nous baignera de lumière !

Nous croyons l’amour plus fort que la mort

C’est pourquoi nous te prions pour nos familles que nous ne pouvons voir

Pour ceux qui souffrent de la maladie, de la peur, de la solitude

Nous te prions pour ceux qui travaillent à sauver des vies, ceux qui sont au service de notre humanité, d’une manière ou d’une autre,

Nous te prions pour nous-mêmes, apprend nous à continuer à vivre dans la foi et l’amour

Et avec le ressuscité nous te disons :

 

Notre Père

 

Que le Seigneur aide chacun d’entre-nous à vivre cette période si dure pour notre monde

Que la joie de Pâques illumine nos jours et nous les fasse vivre dans l’Espérance

Le Seigneur nous attend dans toutes les Galilées du monde. Il est toujours dans l’ailleurs qui doit nous aider à surmonter le quotidien

 

Recevons la bénédiction de la part de Dieu :

 

Le Seigneur de la Paix vous donne lui-même la Paix, en tous temps et de toutes manières

 

Amen

 

Spont 1