Une réflexion d'A. Bonnery à propos du 25 décembre : Christ, Soleil invaincu

 

Dès le début de l’Empire, Rome et ses empereurs s’étaient placés sous la protection du dieu Soleil invaincu, Sol invictus. Ce culte s’amplifie jusqu’à Constantin qui se place lui aussi sous la protection du Soleil-Apollon, allant jusqu’à adopter comme emblème un symbole solaire : un X, traversé d’une barre verticale (I) formant un faisceau de six rayons.

 

L’origine du chrisme

Après la bataille du Pont Milvius (312) dont il attribue le succès à l’apparition d’un signum, l’intérêt de Constantin pour le christianisme va grandissant. Le symbole solaire se transforme par la torsion du rayon supérieur vertical qui devient un P (rho, r grec), associé au X (ki grec). Ainsi est né le chrisme, symbole du Christ dont il reprend les deux premières lettres XPISTOS. Le chrisme devient pour Constantin un talisman et il le plaça partout, sur les étendards, sur son palais, son casque, les monnaies. A partir de là, l’assimilation du soleil au Christ devient évidente et les chrétiens attribuèrent à Jésus les appellations païennes du dieu-Soleil : Sol invictus, Sol salutis, Sol iustitiae. Une loi, en 321 institua le dimanche, dies Solis, premier jour de la semaine, tant pour les païens que pour les chrétiens. Le dies Solis deviendra naturellement le dies domenica, le jour du Seigneur.

 

Noël le 25 décembre

En 362, l’empereur Julien rappelle que « à partir du 22 décembre, nous (les Romains) solennisons la fête consacrée au Soleil invincible par des jeux magnifiques (jusqu’au 25), en l’honneur de ce Dieu ». Les chrétiens ayant fait l’assimilation du Christ au Sol invictus qui renait au  solstice d’hiver, après avoir vaincu les ténèbres, la fête de Noël  était née, concurrençant  la fête païenne. Désormais on déclara que Jésus est né un 25 décembre, en raison de la valeur symbolique de cette date. La prédication chrétienne s’emploiera  à en tirer les leçons du point de vue théologique.  Voici, à titre d’exemple, ces extraits de sermons de Noël d’Augustin (vers 400)

 

La Nativité et le solstice d’hiver dans la prédication

« Ce jour, à partir duquel les jours reçoivent un accroissement de lumière, c’est le symbole de l’œuvre de Jésus-Christ par qui notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour (II Cor,6, 16). L’éternel Créateur, ayant daigné devenir créature dans le temps, a dû choisir comme jour de sa naissance un jour en rapport avec sa mission (Serm.186)

« A partir du jour de la naissance de Notre Seigneur, la nuit commence à diminuer et le jour à croître. Ayons donc, frères, ce jour en grande solennité, non comme les infidèles, en vue de ce soleil, mais à cause de celui qui fit ce soleil (Serm.188).

Vers la même époque, Jérôme établit lui aussi un rapport entre Noël et le solstice d’hiver en s’appuyant sur la déclaration de Jean-Baptiste : « il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3, 30) : « Jusqu’à ce jour, les ténèbres croissent ; à partir de ce jour, les ténèbres décroissent ; la lumière croît, l’erreur décroît, la vérité s’implante. Aujourd’hui naît pour nous le soleil de justice. » (Homélie de la Nativité).

                                                     

 André BONNERY