12/12/2021 prédicaion narrative Philippe PERRENOUD

Narration bergers Avent-Noël 2021

 

            Il y a bien des personnages dans les récits de Noël... Les connaît-on vraiment ?

Approchons-nous alors d'un groupe, de certains d'entre eux : des bergers...

Revenons près de 2000 ans en arrière... en Judée

Il y en a là, autour d'un feu.

Tiens, il y en a un qui nous fait un peu de place. Nous entamons petit à petit la conversation. Il s'appelle Elias

En parlant petit à petit, il évoque une histoire, qui a changé la vie de tant de gens... depuis si longtemps... et la sienne particulièrement...

 

            Car, nous dit-il, comment nous voit-on, nous considère-t-on, nous les bergers ?

- même si notre ancêtre Abraham menait aussi des troupeaux, pris la route, avec la Promesse que de sa confiance naîtrait un Peuple aussi nombreux que les étoiles... Malgré des disputes, parfois...

- même si David, ensuite, berger lui aussi, devint le meilleur des rois, musicien et poète... humble...

Eh bien, de nos jours, on ne nous aime pas vraiment... 

On est loin des gens, dans les montagnes, ou dans la garrigue...

On reste avec nos bêtes ; mal habillés, mal lavés...

Et à quoi ça servirait, d'ailleurs : on ne peut pas laisser nos troupeaux... On ne peut même pas alors aller à la synagogue, et respecter le Sabbat... et autres commandements...

A l’écart, forcement, c'est nous qu'on soupçonne vite quant il y a un vol...

Bref, on ne nous aime guère... On est trop différents ; alors on fait un peu peur à tous ces gens, qui courent tout aux long des jours... qui n'ont pas le temps de s'arrêter, de penser, de prier... eux, alors qu'ils le pourraient...

Nous, au milieu de la nature, sous l'immensité du ciel, nous contemplons l’œuvre du Seigneur. Ce qui nous rend  admiratif et reconnaissant pour l'essentiel !... En retrait de l'agitation des bourgs et des villes ; mais attentifs à ce qui se passe autour de nous, pour nos troupeaux (qui ne se mènent pas si facilement...)...

Nous montons ainsi à tour de rôle la garde la nuit.

 

→ chant sortez bergers 

 

 Fils de David qui fut lui-même,

Tout comme vous, pâtre en ces lieux,

C’est votre accueil surtout qu’il aime.

Fils des bergers, maître des rois

            dit ce cantique. La réalité, à l'époque, comme souvent, dans nos jours aussi, n'est pas toujours aussi simple... n'est pas toujours simple...  

            Retournons donc voir le berger Elias...

Il y a quelques années, il était déjà de veille, autour du feu.

Autour de lui, les arbres et arbustes forment, comme souvent la nuit, de grandes silhouettes. Cela peut faire peur...

Ca pourrait être surtout le cas pour lui : il était apprenti ; c'était sa 1ère saison

Il n'avait pas peur, parce qu'ils étaient en groupe ; et parce qu'il y avait son oncle Thomas.

            Elias s'était enroulé dans sa couverture. Il contemplait le ciel : elle est grande, la nuit ! Là-haut, des milliers et des milliers d'étoiles brillent, grandes ou petites

 

–    Oncle Thomas, demanda alors Elias, est-ce que tu connais combien il y a d'étoiles dans le ciel ? Est-ce que tu connais leur nom ?

–    Combien il y a d'étoiles dans le ciel ? Mais regarde : plus tu observes, plus tu en découvres... C'est sans fin !... On dit que seul Dieu connaît le nombre d’étoiles... Nous, on connaît celles qui brillent le plus.  Mais lui n'en n'oublie aucune...

–    C'est vrai ? Aucune ??...

–    C'est vrai !

–    Oncle Thomas : tu as vu tous ces gens sur les routes, en ce moment. Il paraît que c'est à cause de l’Empereur : il veut de nouveau compter tous les habitants !... Mais toi, tu n'y es pas allé ! Ni Joaquim, ni Eliezer, ni Jonas... L'Empereur ne connaîtra jamais ton nom... Est-ce que nous, les bergers nous ne sommes même pas comme les plus petites des étoiles, ou des grains de sables ?... que personne ne nous remarque ?...

–    Tu sais, Elias, nous, notre monde, c'est la montagne. Nous y sommes tout le temps. Ceux des villes et des villages ne vivent pas comme nous. Parfois même, quand on descend, on leur fait peur... Nous sommes frères et sœurs, c'est vrai. Mais on a du mal à se reconnaître...

N'oublie pourtant pas une chose : David, le grand roi, c'était aussi un berger !...

 

Elias regardait les étoiles. La voûte du ciel lui paraissait si grande et belle, majestueuse !

–    Oncle Thomas : tu es sûr que Dieu connaît notre nom, à nous aussi ??

–    L'oncle Thomas s'est redressé : oui, j'en suis sûr ! Ecoute, je vais te raconter une histoire. Je la tiens de mon père., qui la tenait aussi de son père

Lorsqu'il était jeune, il gardait un troupeau dans la montagne, près de Bethléem ; toute la nuit. C'était au temps d'un autre Empereur, qui lui aussi avait ordonné de compter tous les habitants

Tout à coup, la nuit n'était plus sombre, mais lumineuse !...  Tous les bergers étaient stupéfaits ; ils se demandaient ce qui se passait... Et ils ont entendu une Parole qui leur disait N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple. Cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un sauveur ; c'est le Christ, le Seigneur ! 

Ils se regardaient entre eux. Comment cela peut-il ? Et la Parole de continuer :

voici le signe qui vous le fera reconnaître : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.

 

            Ils se sont dit : un nouveau-né enveloppé de langes, soit. Mais couché dans une mangeoire :

quelle idée !! Mais c'était vraiment un moment extraordinaire... C'est comme si le ciel s'était ouvert...

Tu sais, Elias : le bon Dieu, les anges, ce n'est pas toujours comme on croit...

 

            Les bergers se sont alors mis en route. Ils y sont allés. Ils ont pris la route de Bethléem.

            Ils n'étaient pas très rassurés : les gens, en chemin, les laisseraient-ils passer ? Entrer dans la ville ? Ou les arrêter, les dénoncer à la police, puisqu'ils sont forcément (vus comme) des voleurs ?... Ou se moquer d'eux ?... C'est si facile, de se moquer...

            Ils arrivent dans la ville : ça se corse : beaucoup de monde... à cause de ce recensement.

            Mais tous les gens sont bien occupés... les uns pour chercher à manger, d'autres pour se loger, d'autres au contraire pour s'amuser, etc...

            Les bergers ont cherché, cherché...

            On leur a dit qu'il y avait effectivement eu un couple qui était arrivé. Et comme il n'y avait plus de place pour eux, ils logent dans une étable... pas très loin d'ici.

            Ils y sont allés. Il faut dire qu'une étable, les bergers, ils connaissent. Ils auraient pu trouver avant... Mais ce n'est pas si évident, que ce soit en effet la demeure du Seigneur annoncé !!

 

–    chant O nuit bienveillante

 

Les bergers sont donc entrés dans l'étable. Qu'avaient-ils apporté ? Nous ne le savons pas... Ou si : le plus important, leur présence... Et leur reconnaissance... être eux-même reconnus, rejoints ainsi ! Eux aussi ! Et ils n'avaient effectivement plus peur...

Dans cet étable, c'était d'ailleurs, justement, si paisible ; incroyablement paisible et doux ! Ils sont restés un moment, puis sont repartis, en racontant ce qu'ils avaient vu... Les gens étaient étonnés, et il y avait de quoi !... Ce Seigneur : couché dans une mangeoire !... Mais c'est le Seigneur du ciel et de la terre...

Tu vois, Elias, chaque fois que mon oncle m'a raconté cette histoire, c'est comme si le ciel s'ouvrait à nouveau !... Je te la raconte, à toi aussi, et tu la raconteras. Et peut-être que dans 1000 ans, ou 2000 ans, on en parlera encore... Que des gens chercheront, et qu'ils trouveront que le bon Dieu est comme ça : couché dans une mangeoire !!

Elias ne dit rien. Il regarda le ciel, rempli d'étoiles avec leurs lumières, qui paraissent parfois fragile, comme si elles allaient s'éteindre... mais qui sont toujours là...

Telle est aussi la lumière de cette naissance, non ?

            Jamais la voûte céleste ne lui avait semblé si vaste, infinie, vibrante de lumière, si profonde...

Il y a là-haut un Seigneur qui regarde avec Amour...

C'est ce regard qu'il a vu en cet enfant nouveau-né,  ce bébé : douceur… humilité... petitesse, comme nous. Encore plus que nous... tellement plus que nous !!

–    Elias pense à la plus petite de toutes les étoiles, celle qu'il ne verra peut-être jamais. Et lorsqu'il s'endort, son cœur est tout brûlant, car il sait que Dieu connaît son nom. Et peut-être  murmure-t-il son nom...

 

Dans 1000 ans ou 2000 ans, il murmurera encore le nom du plus pt de tous les bergers...

N'en n'est pas de même pour nous ?

                          pour chacun ?...

Et comme l'ange, avec d'autres, vivons de cette Parole : gloire à Dieu au plus haut des cieux, et Paix sur la terre pour ses bien-aimés...